Dossier : Changements climatiques - L’urgence d’agir
La science des changements climatiques pour les nuls
Depuis toujours, la Terre subit des variations du climat. Comment le sait-on ? Notamment par l’extraction et l’analyse d’immenses carottes de glace des calottes glaciaires contenant des bulles d’air qui nous procurent des informations sur le climat sur Terre depuis 800 000 années.
Qu’est-ce qui nous permet de croire que la situation qui prévaut depuis une soixantaine d’années est différente ? L’étude de ces mêmes carottes, d’abord. Mais aussi des modifications bien visibles de différents systèmes physiques et vivants. Entre autres, le mouvement et la disparition d’espèces vivantes ; la fonte des glaciers ; la fonte de la glace aux pôles ; l’acidification des océans, les tornades, de nombreuses sécheresses, des inondations, etc.
Toutes ces mesures et observations convergent vers une seule conclusion : depuis quelque 150 ans seulement, depuis le début de la Révolution industrielle, en relation avec l’activité humaine, l’augmentation de la température moyenne ne cesse de s’accélérer, à des rythmes jusque-là inconnus. Le dioxyde de carbone (CO2) est rapidement pointé du doigt. Plus précisément, depuis 9 000 ans avant J.-C. et jusqu’à la Révolution industrielle, les concentrations de CO2 dans l’atmosphère variaient entre 275 et 285 ppm (parties par million). En 1958, Charles Keeling les mesure à 315 ppm ; en mai 2013, on a franchi la barrière décrétée redoutable par la communauté scientifique de 400 ppm. Ce réchauffement climatique anthropique a déjà et aura encore de nombreuses conséquences, et certaines sont dramatiques.
Pour comprendre tout cela, il faut commencer par expliquer ce qu’est l’effet de serre et ce que sont les gaz à effet de serre.
L’effet de serre et les gaz à effet de serre
Comme le montre le schéma ci-contre, l’effet de serre est un phénomène tout à fait naturel qui rend possible la vie sur Terre.
Les gaz à effet de serre (GES) sont des particules gazeuses que l’on retrouve dans l’atmosphère. Ces dernières ont la possibilité d’interagir avec les rayonnements émis par la Terre et de les retourner vers la Terre plutôt que de les laisser passer la barrière de l’atmosphère. Leur présence est essentielle pour avoir une température moyenne sur Terre autour de 15 °C. Sans eux, la température moyenne oscillerait autour de -18 °C. La transparence de l’atmosphère permet au rayonnement solaire d’atteindre le sol. L’énergie ainsi apportée s’y transforme en chaleur. Comme tout corps chaud, la surface de la Terre rayonne sa chaleur. Mais les GES et les nuages sont opaques aux rayons infrarouges émis par la Terre. En absorbant ces rayonnements, ils emprisonnent l’énergie thermique près de la surface du globe, où elle réchauffe l’atmosphère basse.
Les changements climatiques : des conséquences bien réelles
En avril dernier, le GIEC publiait une partie de son cinquième rapport. La comparaison de ce rapport avec celui publié en 2007 laisse peu de place à l’optimisme. Pour la première fois, le groupe de scientifiques fait des prévisions sur les court et moyen termes et propose quatre scénarios possibles ; les décisions politiques à venir nous permettront de connaître le scénario le plus probable. Les conséquences attendues du réchauffement climatique anthropique affecteront bien sûr le climat de la planète entière mais, plus encore, auront des répercussions désastreuses pour des milliers de personnes vivant dans des régions du globe dites en développement.
Voici les prévisions du dernier rapport du GIEC pour les trois caractéristiques principales observées :
La hausse des températures
- Trajectoire optimiste : entre +1 °C et +2,4 °C à la fin du 21e siècle par rapport à 1850.
- Trajectoire si on n’agit pas : entre +3,3 °C et +5,5 °C à la fin du 21 siècle par rapport à 1850.
La hausse du niveau des mers
- Entre 2046 et 2065, le niveau des mers devrait augmenter de 17 cm dans un scénario optimiste et de 38 cm selon le scénario le plus pessimiste.
- À la fin du 21e siècle, la mer pourrait augmenter de 40 cm en moyenne selon le plus optimiste des scénarios (par rapport aux moyennes de la fin du 20e siècle). Dans le scénario le plus pessimiste, cette hausse pourrait atteindre 82 cm au cours de la période 2081-2100 et 98 cm en 2100 (avec un rythme d’augmentation pouvant atteindre 1,6 cm/an). Si ce scénario est avéré, une personne sur dix sera directement touchée par cette modification, soit près de 700 millions de personnes. Cette hausse dépasserait le mètre dès le début du 22e siècle et pourrait atteindre 3 m en 2300.
La fonte de la cryosphère
- La cryosphère désigne toutes les parties de la surface de la Terre où l’eau est à l’état solide (glace et neige). On y inclut les banquises, les lacs et rivières gelés, les régions recouvertes de neige, les glaciers et les sols gelés (de façon temporaire ou permanente).
- Une hausse des températures supérieure à 2 °C par rapport à aujourd’hui conduirait à terme à une fonte totale de la banquise en Arctique à la fin de l’été 2100. De plus, la couverture neigeuse diminuerait d’au moins 7 %. Ces deux effets combinés auraient un impact sur l’élévation du niveau des océans ainsi qu’une incidence sur l’élévation des températures puisque ces surfaces blanches ne pourront plus réfléchir l’énergie solaire.
- Même dans le meilleur des cas, plus d’un tiers du pergélisol va disparaître. Phénomène inquiétant puisqu’une quantité importante de GES est emprisonnée dans le pergélisol, lesquels une fois libérés, contribueront eux aussi à la hausse des températures.
Passer à l’action, maintenant
Ces prévisions amènent les scientifiques à envisager différentes situations déjà observables dans nos bulletins de nouvelles. Pensons entre autres aux événements climatiques extrêmes qui seront plus nombreux ; à une insécurité alimentaire exacerbée ; à des problèmes sanitaires en hausse ; à des risques accrus d’extinction d’espèces ; à une augmentation des conflits et des rivalités ; et bien évidemment, à un coût économique très élevé de l’inaction.
Que l’on soit optimiste ou non, l’atténuation des impacts liés aux changements climatiques passe par un profond changement du modèle énergétique en place. La réduction des émissions de GES, le dioxyde de carbone (CO2) plus particulièrement, est essentielle. Elle devra diminuer de 10 % par décennie pour que le scénario le plus optimiste du GIEC se réalise, soit une hausse des températures sous les 2 °C. Notons que ces dernières ont augmenté de 3 % en 2011. La reforestation, le stockage de carbone, l’utilisation et le développement d’énergies renouvelables sont des pistes envisagées par les scientifiques. Individuellement, il est possible de réduire son empreinte écologique en choisissant l’achat local, le transport en commun, une diminution dans notre consommation de viande, et bien sûr de faire toutes les pressions possibles auprès de nos gouvernements pour orienter les décisions politiques favorables à un climat qui sera le moins perturbé possible.