Dossier : Résistances autochtones

Présentation du dossier du no 54

Résistances autochtones

Pinote

Abénaquis, Cris, Mohawks, Algonquins, Hurons-Wendat, Innus, Atikamekw, Malécites, Naskapis, Micmacs et Inuit. Onze nations sont présentes sur le territoire colonisé qu’on appelle le Québec. Onze nations et autant de langues, de cultures, de traditions et d’histoires. Et pourtant, combien d’entre nous sont capables de les nommer ? Le documentaire Le Peuple invisible de Richard Desjardins et Robert Monderie porte si bien son nom !

Pourtant, le territoire sur lequel nous vivons appartient aux Premières
Nations, aux Inuit et aux Métis – À bâbord ! est ainsi produit en territoire mohawk non cédé – et nous exploitons les ressources de ce territoire pour subvenir à nos besoins et en tirer profit. Est-il acceptable que certaines réserves n’aient ni eau ni électricité, alors qu’on les a déplacées pour construire des barrages hydroélectriques ?

On connaît le bilan désastreux du gouvernement Harper en matière
de relations avec les peuples autochtones. À titre d’exemple, le Canada, avec les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, a voté contre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, pourtant approuvée par 143 États. Et le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, James Anaya, a déclaré à l’automne 2013 que le Canada faisait face à une « crise quant à la situation des peuples autochtones du pays », et ce, en raison de la « suppression historique de [leurs] droits » dont ils subissent encore les contrecoups. Au niveau provincial, ce n’est guère mieux.

Les divers paliers de gouvernement doivent être tenus responsables de leurs actions. Mais nous avons aussi une responsabilité individuelle et collective envers les personnes des Premières Nations, Inuit et Métis. Car, que nous le voulions ou pas, que nous soyons « pure laine » ou nouvellement arrivés au pays, nous sommes tous et toutes des colons et participons, ne serait-ce que par notre ignorance ou notre manque de solidarité, à l’oppression continue des peuples autochtones.

Il faut ouvrir le dialogue, réapprendre nos histoires collectives et repenser nos relations afin d’envisager une réelle et nécessaire solidarité entre les occupant·e·s du « Québec ». Car nos enjeux et nos luttes se rejoignent, se recoupent ; la défense de l’environnement, la lutte contre les violences faites aux femmes, contre la brutalité policière, contre l’itinérance,pour l’accès aux soins de santé ou encore la défense, la survie et l’affirmation des langues, que ce soit la LSQ (langue des signes québécoise) ou le cri…

La solidarité, ça commence toujours par l’écoute et la compréhension ;
surtout, il s’agit de ne pas parler « au nom de ». Pour son 54e numéro – eh oui, il en aura fallu du temps – À bâbord ! ouvre ses pages à des récits, projets et luttes autochtones. C’est un grand privilège d’avoir travaillé avec chaque personne qui a collaboré à ce dossier et nous tenons à les remercier encore une fois chaleureusement de leur participation.

Puisse ce dossier contribuer à une meilleure connaissance des réalités
et des résistances autochtones, à la décolonisation de nos relations et à la création de nouvelles solidarités !

Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème