La trahison des chefs : des politiques aux managers

No 54 - avril / mai 2014

Guillaume Bigot

La trahison des chefs : des politiques aux managers

Audrey Laurin-Lamothe

La trahison des chefs : des politiques aux managers, Guillaume Bigot, Paris, Éditions Fayard, 2013, 286 p.

Guillaume Bigot, directeur d’une école de commerce à Paris, livre ici une critique du management dans la perspective de défendre le bien-fondé des dirigeants. C’est avec incrédulité que nous avons lu les premières pages qui assoient la théorie de M. Bigot : les sociétés humaines et les regroupements d’animaux ne peuvent biologiquement, physiologiquement ou politiquement (dans le cas des humains) se passer de chef. Les pensées libertaires et anarchistes sont évacuées de manière aussi expéditive (« L’anarchie ne correspond jamais à un équilibre, le chaos qu’elle engendre est terrifiant  ») que ne le sont les phrases écrites à chaud préparées à partir d’une lecture erronée de philosophes, convoqués aux seules fins de donner de la « profondeur » à un essai qui n’est rien d’autre qu’un ramassis d’errements puisés dans une certaine nostalgie de la prédominance des institutions fondées sur un pouvoir autoritaire, telles que l’armée.

Bien que certains ouvrages d’auteurs spécialisés dans la critique du management soient cités (Vincent de Gaulejac, Jean-Pierre Le Goff, Danièle Linahrt, etc.), le lecteur aurait tort de penser pouvoir tirer des leçons radicales de la description offerte par l’auteur du management, qui navigue entre différents univers, objets et périodes historiques (guerre en Irak, absence du port d’uniformes, ressources humaines, financiarisation des entreprises, etc.), ne dégageant jamais une vision cohérente de ce qui nous gouverne au sens large.

Pour des critiques systématiques et constructives du management dans ses plus subtiles ramifications, on lira plutôt Jean-Pierre Durand (La chaîne invisible : travailler aujourd’hui : flux tendu et servitude volontaire, 2004) concernant l’univers du travail, ou encore François Rastier (Apprendre pour transmettre : l’éducation contre l’idéologie managériale, 2013) concernant le milieu éducatif.

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