Syndicalisme de combat

No 23 - février / mars 2008

Pas vu à la télé

Syndicalisme de combat

par Nesrine Bessaïh

Nesrine Bessaïh

Si vous prenez soin de lire les affiches artisanales collées à grand renfort de colle à la farine sur les poteaux ou sur les abribus, vous avez certainement remarqué celles qui disent « Ton boss ambitionne ? Appelle le… » En les voyant, je me suis demandé ce que les auteurs pouvaient bien avoir à proposer à ceux et celles qui les appellent. L’esthétique de l’affiche ne laisse pas envisager une campagne de maraudage d’une grosse centrale syndicale. Rien ne semblait non plus rediriger les éventuels appels vers le dépôt d’une plainte à la Commission des normes du travail. Il s’avère que les initiateurs de ces affiches promeuvent le « syndicalisme de combat ».

Le 12 octobre 2007, plus d’une vingtaine de personnes ont fait irruption dans un centre d’appel pour réclamer la paye de deux employés non syndiqués. Les deux employés, après avoir fait une courte période d’essai et un quart de travail, avaient été congédiés sans salaire par cette entreprise, par ailleurs sous-traitante de Bell Mobilité. Le patron, M. Hallak, a contacté la police et à sa grande surprise une fois sur place, celle-ci lui a signifié qu’il était effectivement dans le tort et que, selon les normes du travail, il se devait de rémunérer les deux employés pour toutes les heures travaillées.

Cette action portée par le Réseau de solidarité des travailleurs et travailleuses (RSTT) s’inscrit dans la lignée d’actions similaires ayant eu lieu à Montréal depuis 2005, menées notamment par le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) et par des groupes autonomes d’individus, comme dans le cas des actions contre le chic restaurant Dévi de la rue Crescent et contre un Double Pizza de la rue Saint-Denis.

Dans son communiqué de presse, le RSTT déplore que les grosses centrales syndicales usent principalement de procédures judiciaires pour confronter des mesures antisociales. Il affirme vouloir encourager la réappropriation par les travailleurs et les travailleuses syndiqués de leurs syndicats comme outil de lutte. Plus largement, et sans prétendre remplacer les organisations syndicales reconnues, les artisanes de ces actions visent à bâtir des réseaux d’action et de soutien directs et à encourager les travailleurs et les travailleuses à engager un rapport de force ferme avec leurs patrons.

Blogue de la NEFAC-Montréal, « La Commune »

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