L’âge des démagogues - Entretiens avec Chris Hedges

No 68 - février / mars 2017

Pierre-Luc Brisson

L’âge des démagogues - Entretiens avec Chris Hedges

Eve-Marie Lacasse

Pierre-Luc Brisson, Montréal, Lux Éditeur, 2016, 128 pages.

Pour qui souhaite en connaître davantage sur les défis de la société états-unienne contemporaine via la lorgnette du journaliste-essayiste américain ChrisHedges, ce petit ouvrage est une excellente première lecture pour s’y plonger. Une centaine de pages très faciles et intéressantes à lire.

C’est pour mieux nous faire connaître cet auteur complexe que, depuis décembre 2015, Pierre-Luc Brisson a réalisé une dizaine d’heures d’entrevue avec Hedges et nous en résume une partie dans les pages de L’âge des démagogues.

Chris Hedges qui, selon l’auteur, est « une voix discordante qui doit être entendue », est un ancien correspondant de guerre au New York Times. Avec d’autres collègues journalistes, il a remporté le prix Pulitzer en 2002 pour un reportage sur le terrorisme. Surtout connu pour s’être fameusement opposé à l’intervention militaire en Irak en 2003 et rédacteur de discours pour Ralph Nader, Chris Hedges s’inspire d’intellectuel·le·s tels qu’Hannah Arendt, George Orwell et Theodor Ardono pour poser sur la société américaine un regard très critique. Et il nous amène à réaliser à quel point le jeu politique se joue de plus en plus dans les extrêmes, que l’on soit en Israël, aux États-Unis, en France, en Irak ou au Canada.

Dans ce recueil, Brisson et Hedges parlent abondamment de la montée de la droite américaine et du terrorisme islamique. Car, qu’on le veuille ou non, si on gratte un tant soit peu, nous sommes en mesure d’observer à quel point ces mouvements et courants de pensée, extrêmement nocifs pour la notion de démocratie et d’action politique progressiste, s’abreuvent tous les deux du même désespoir : le désespoir qui frappe les peuples et les fait se tourner vers une explication du monde qui leur « parle » davantage que ne le font les élites, qui ont largement démontré leur incapacité à gouverner pour le bien commun.

Le désespoir des masses et leur besoin de « réponses » ainsi que l’échec de la « gauche » sont amplement abordés dans le recueil, tout comme le système carcéral aux États-Unis, l’ascension de Donald Trump, la campagne menée par Bernie Sanders – dont Hedges est très critique, la montée de l’État islamique, les attentats de Paris et d’Orlando, le mouvement Black Lives Matter, Occupy, le printemps étudiant à Montréal.

Ceux et celles qui souhaitent aborder avec optimisme les défis auxquels sont confrontés les États-Unien·ne·s doivent éviter cet ouvrage. Chris Hedges n’est pas reconnu comme un auteur optimiste « hop la vie ». Par contre, son regard et ses analyses se sont toujours vérifiés, malheureusement pour nous.

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