Fin du leadership américain ? L’État du monde 2020

No 87 - mars 2021

Bertrand Badie et Dominique Vidal (dir.)

Fin du leadership américain ? L’État du monde 2020

Xavier P.-Laberge

Bertrand Badie et Dominique Vidal (dir.), Fin du leadership américain ? L’État du monde 2020, Paris, La Découverte, 2019, 224 pages.

L’état du monde des éditions La Découverte est un classique que beaucoup de politologues et fervent·e·s de politique internationale attendent avec impatience annuellement. Depuis 2012, cette série opte pour une couverture mondiale d’un enjeu ou d’une problématique (au lieu, comme c’était le cas précédemment, d’uniquement couvrir la politique mondiale un pays et enjeu à la fois). Ce choix permet une déconstruction plus approfondie des problèmes.

Pour l’édition 2020 (publiée à la fin de 2019), la thématique couverte est celle du « leadership américain [sic] [1] ». Il s’agit d’un sujet controversé au sein des relations internationales, car le déclin de la puissance et de l’hégémonie des États-Unis est annoncé depuis au moins quarante ans. Cependant, la question ici tourne davantage autour du leadership mondial, et ce, après trois ans d’un trumpisme qui a complètement bouleversé plusieurs aspects, précédemment tenus pour acquis, des relations internationales. Nous n’avons qu’à penser à l’attitude belliqueuse de Donald Trump envers les alliés naturels et historiques des États-Unis comme le Canada et l’Allemagne, ainsi qu’à sa tendance inverse à vanter et valoriser les gouvernements bafouant les droits de la personne, comme la Corée du Nord et l’Arabie Saoudite.

L’ouvrage débute avec de nombreux textes faisant la genèse de l’hégémonie des États-Unis jusqu’à l’arrivée de Trump. Il s’ensuit une décortication de tous les domaines où les États-Unis perdent leur domination et leur leadership : militaire, commercial, scientifique, économique, diplomatique et culturel. La dernière partie du livre présente les impacts de la gouvernance chaotique des dernières années sur les relations internationales des États-Unis avec la Chine, la Russie, l’Europe, l’Arabie Saoudite, l’Israël, l’Iran, les pays africains, le Canada et le Mexique. Le dernier texte du livre couvre l’enjeu le plus terrifiant de l’ère Trump, celui des changements climatiques.

Ce livre aurait pu nous faire sombrer dans le pessimisme le plus total, si ce n’était de la récente élection de Joseph Biden. Si nous ne pouvons nous attendre à une révolution écosocialiste ni même à la fin du néolibéralisme au pays de l’oncle Sam, il est toutefois possible d’espérer une certaine amélioration des conditions de vie des plus vulnérables. Il est aussi probable que Biden reviendra à des relations internationales plus cordiales que Trump avec la majorité des pays du globe. En somme, il s’agit d’un livre très instructif et complet qui nous donne envie de lire le suivant : Le Moyen-Orient et le monde. L’état du monde 2021 [2].


[1L’auteur de cette recension préfère le terme « états-unien », utilisé davantage au Québec qu’en France.

[2L’auteur de cette recension préfère désigner le Moyen-Orient d’une manière moins occidentalo-centrée : Asie de l’Ouest, Turquie (Thrace orientale) et Égypte.

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