Paul Ariès
Désobéir et grandir : vers une société de décroissance
Paul Ariès, Désobéir et grandir : vers une société de décroissance, Montréal, Écosociété, 2017, 240 pages.
Décroissons ! Voilà la proposition de Paul Ariès dans cette réédition d’un ouvrage paru en 2009. Le titre est en revanche quelque peu trompeur. À l’exception d’un chapitre, l’auteur ne traite que très peu de désobéissance. Il développe plutôt le concept assez intéressant d’objecteur de croissance faisant ici un beau clin d’œil aux objecteurs de conscience qui ont refusé de participer aux multiples grandes guerres. Le livre est un recueil de textes parus dans différentes revues et interventions universitaires. Il débute avec une excellente préface de Serge Mongeau, grand défenseur québécois de la décroissance.
Dans cet ouvrage, Ariès s’attaque au dogme croissantiste de notre époque et au mésusage des ressources. Le mythe de croissance infinie est tristement au cœur du système capitaliste depuis son début. S’il était difficile de concevoir la limite des ressources terrestres et énergétiques il y a cent ans, il est aujourd’hui plutôt difficile de nier cette limite. Le dogme est donc flagrant : comment peut-on continuer à espérer une croissance économique, alors que la grande majorité des ressources sont consommées au-delà de leur niveau de renouvellement ? Pour Ariès, la gauche est tout aussi coupable que la droite au sujet de cet aveuglement collectif. Une des meilleures solutions proposées par l’auteur est de faire payer ou rationner le mésusage. C’est-à-dire qu’il est scandaleux qu’un usage essentiel soit limité ou encore facturé le même montant qu’un usage non essentiel (p. ex. boire de l’eau et remplir une piscine, chauffer une petite maison au lieu d’une grande maison secondaire, etc.). Il faut plus que tout cesser la « junkproduction ».
Le livre est en somme très intéressant, mais, comme il est consiste en un assemblage de textes déjà publiés ailleurs, il est parfois redondant et manque de structure dans son ensemble. Il est aussi, pour l’auteur de ces lignes, pénible de lire des critiques sans discernement adressées à la gauche en général et même au courant antispéciste qu’il accuse d’antihumanisme.