L’engagement pousse là où on le sème

No 92 - été 2022

Laurence Bherer, Geneviève Cloutier et Françoise Montambault

L’engagement pousse là où on le sème

Shanna Sarrazin-Laverdure

Laurence Bherer, Geneviève Cloutier et Françoise Montambault, L’engagement pousse là où on le sème, Écosociété, 2021, 316 pages.

L’engagement pousse là où on le sème, c’est le récit d’un groupe de résident·es du quartier Rosemont–La-Petite-Patrie à Montréal, qui décident de s’unir pour créer un jardin collectif en permaculture sur un terrain vague jouxtant leur ruelle verte. Au fil du temps, une petite communauté se construit autour du partage de savoir-faire horticoles, de ressources physiques et des récoltes alimentaires du jardin. Le Carré Casgrain, comme on le nomme, devient ainsi lieu de rassemblement pour les gens du quartier à travers l’organisation de petits événements et la mise en place de mobilier accueillant. À petite échelle, ce groupe arrive à se mobiliser et à poser des actions concrètes pour le verdissement de son quartier.

L’ouvrage raconte aussi les obstacles rencontrés par ces citoyen·nes engagé·es. Ceux-ci découlent du fait que le terrain demeure une propriété privée et que le projet n’est que temporaire. Au-delà de l’initiative de départ du verdissement, les initiateur·trices du projet en viennent à prendre un rôle plus important que prévu à titre de représentant·es du quartier auprès des institutions locales, entre autres dans le cadre du projet de la Société de transport de Montréal qui souhaite construire un nouveau garage sur un terrain à proximité.

C’est sous la plume de trois chercheuses en sciences sociales, Françoise Montambeault, Laurence Bherer et Geneviève Cloutier, qui ont suivi le groupe de résident·es durant toute la durée du projet, que l’on en apprend davantage sur ce Carré Casgrain, passé de jardin ouvert à collectif citoyen. À travers le récit, on aborde les thèmes du verdissement, de l’urbanisme tactique, de l’éco-gentrification et des projets participatifs citoyens. Grâce aux lumières des chercheuses qui expliquent ces principes et amènent des exemples comparatifs de ce qui se fait ailleurs, on comprend mieux le contexte dans lequel s’inscrit le projet du Carré Casgrain.

La lecture est agréable et accessible à tous et toutes, d’autant plus que le texte est entrecoupé de témoignages d’Hélène, Alex, Hélia, Claude, Camille, Adeline, Charlotte et des deux Fabien qui ajoutent beaucoup de dynamisme et rendent le récit de cette aventure d’autant plus vivant. Ces citoyen·nes ont fait partie intégrante de ce projet et y apportent leur couleur, leur vécu et les diverses motivations qui les ont poussé·es à agir. Les illustrations d’Emanuelle Dufour contribuent aussi à imager cette histoire.

Seul bémol, l’organisation du récit amène certains passages à être répétitifs. À trop vouloir tout expliquer, on radote un peu. Somme toute, un ouvrage qui fait du bien à lire, qui redonne espoir en l’engagement collectif et qui pourrait inspirer toute âme écologique à mener une telle initiative citoyenne.

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