Dossier : Aux voleurs ! Nos (...)

Présentation du dossier du No 47

Aux voleurs ! Nos ressources naturelles et le Plan Nord

Normand Baillargeon

Aux voleurs ! Parce que c’est exactement ce qu’on a envie de hurler à la lecture de ce dossier. Quelle honte ! Quel gâchis ! Quel inacceptable mépris pour le peuple du Québec, pour ce qui nous appartient collectivement et qui est pire que cédé à rabais puisqu’on paie pour qu’on nous spolie !

À bâbord ! a voulu exposer dans toute son horreur cette grande
braderie de nos ressources naturelles qui se prépare, la situer dans
une perspective historique et géopolitique et la décrire en nommant
des noms, tout cela dans le but de susciter l’indispensable
militantisme qui s’impose pour y résister.

Notre dossier s’ouvre sur un entretien avec Richard le Hir réalisé
par Rémi Leroux et dans lequel Le Hir replace justement la question
de nos ressources naturelles dans le contexte géopolitique
global qui est indispensable pour la comprendre pleinement. l’épisode
désastreux de la financiarisation de l’économie se refermant,
explique-t-il, les acteurs économiques majeurs se replient vers les
richesses naturelles perçues comme garantes de leur croissance et
protection contre les dangers qu’ils pressentent pour leurs empires.
Power Corporation, dont on reparlera dans ce dossier, est de ceuxlà,
et il est renversant d’entendre Le Hir raconter son rôle dans la
tentative de privatiser Hydro-Québec.

Louis Saint-Just montre ensuite comment, après un moment historique marqué par René Lévesque et le gouvernement Lesage et durant lequel il semblait, avec raison, aller de soi que nous nous réappropriions collectivement nos ressources naturelles (en particulier l’électricité), nous en sommes aujourd’hui arrivés à cette situation où de grandes entreprises sont subventionnées pour « vider le sous-sol québécois pour enrichir des actionnaires, qui ne sont même pas chez nous comme le disait René Lévesque dans les années 1960  ».

le Plan Nord est un énorme morceau de la grande braderie. et une chose est certaine : ses effets sur les nations amérindiennes et inuit sont déplorables. Dans le texte qui suit, Laurent Girouard montre comment elles ont été ignorées et exclues dans les plans dressés pour le Plan Nord : « rien n’a été prévu, ou si peu pour [qu’ils] se préparent aux transformations radicales qu’entraînera l’exploitation pressée des ressources du territoire  », écrit-il. Aux voleurs !, ici encore.

Mais la grande braderie n’a pas seulement lieu au Nord. ici même, au Sud, c’est la ruée vers le gaz, comme le montre ensuite François Doyon, qui explique ce qu’est le gaz de schiste, les risques inhérents à son exploitation, en plus de rappeler le grenouillage de ces entreprises qui cherchent à s’emparer de la ressource à des conditions qui leur sont honteusement favorables. il est ici question d’un certain Lucien Bouchard, comme vous le verrez… aux voleurs !

Stéphane et Martin Poirier nous amènent ensuite sur l’Île d’Anticosti,
cette perle du Saint-laurent qui est aussi une île au pétrole de schiste, pour ce qui pourrait bien être son plus grand malheur. ici encore, le mépris de la population et de la nature se conjugue à la cession de ressources naturelles. aux voleurs ! mais comment en est-on arrivé là ? Bernard Schepper donne de précieux éléments de réponse à cette question centrale dans le texte qui clôt ce dossier. il permet de comprendre comment se sont progressivement mises en place les conditions rendant possible « le vol du siècle ». la colère et l’indignation qu’on ressent devant tout cela sont immenses. On voudrait une commission Charbonneau sur ces vols,
sur ces voleurs, sur leurs complices. et on se dit que décidément il y a plus d’affinités, de respect, de connivences et d’intérêts partagés entre les capitalistes de tous les pays et les gouvernements de ces pays qu’entre ces gouvernements et les peuples qui les élisent.

Mais cette légitime colère et cette indignation doivent engendrer leurs indispensables contreparties : l’action et le militantisme, ceux là même qui ont permis de mettre au jour les agissements de margoulins et de leurs complices et qui, seuls, pourront faire en sorte qu’on se réapproprie ce qui nous appartient et assurer que son éventuelle exploitation se fera au bénéfice de toutes et de tous et dans le respect de la nature.

Aux voleurs !, donc. mais aussi, au travail ! Citoyennes et citoyens : ne les laissons pas faire.

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