No 18 - février / mars 2007

Pas vu à la télé

Les Yes Men

par Nesrine Bessaïh

Nesrine Bessaïh

Pendant les présidentielles américaines de 1999, les Yes Men crée un site miroir (www.gwbush.org) similaire graphiquement à l’original, mais qui propose une satire des discours électoraux du futur président américain. Cette première expérience leur vaut le qualificatif de « garbagemen » (ordures) par Georges W. Bush lui-même et marque le début d’une série de mises en scène décapantes.

Andy Bilchbaum et Mike Bonanno contrecarrent l’hypocrisie des propos tenus par des politiciens, des compagnies ou des institutions en les poussant à l’extrême. Ce faisant, les Yes Men mettent en évidence ce que ces discours sous-entendent en termes de valeurs sociales et de projet de société.

Depuis 1999, à travers un site miroir de l’OMC, ils reçoivent plusieurs invitations à des conférences internationales ou à des entrevues télévisées où ils prennent la parole en tant que représentants de l’OMC.

Lors d’une entrevue pour CNBC Market Wrap (émission sur une chaîne européenne), Granwyth Hulatberi (pseudonyme du Yes Man) doit débattre avec un opposant à la globalisation des marchés qui affirme que les prescriptions de l’OMC ne réduisent pas la pauvreté dans le monde. La réponse du Yes Man est une farce ultraréaliste : « Les opposants à la globalisation regardent trop la réalité, les faits et les chiffres [et] c’est un problème à long terme qui trouve sa source dans l’éducation. Nous devons trouver un moyen de convaincre non pas les opposants, mais plutôt leurs enfants que nous devons amener à lire Darwin et Milton Friedman et à éviter Trotsky, Robespierre et Abbie Hoffman dont leurs parents se sont abreuvés. Et […] je pense qu’en mettant l’éducation entre les mains du privé […] les enfants des opposants seront élevés au milieu de préoccupations tout à fait différentes. » Comme bien souvent lorsque des propos aussi grossiers sont tenus en onde, l’animateur ne s’indigne pas le moins du monde et continue son émission.

Les Yes Men ne constituent pas un groupe circonscrit ; toute personne qui use des mêmes moyens de dénonciation est une potentielle Yes Man. D’ailleurs à Québec, en avril 2001, des militants altermondialistes ont donné des entrevues en « complet-cravate » où ils ont tourné en dérision l’extrémisme des participants au Sommet des Amériques.

Le site des Yes Men

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