Agence des PPP et copinage
Sous-traiter même la décision de sous-traiter
par Gaétan Breton
L’agence des PPP comptera, nous dit-on, un peu plus d’une douzaine d’employés. Comme leur travail sera de faire la promotion des PPP en plus de superviser le processus de mise en place de tous les contrats de tous les ministères à partir du projet du ministère jusqu’au contrôle des résultats, qui peut croire qu’ils vont y arriver ? Une douzaine de personnes suffiront à peine pour organiser la circulation des dossiers. Mais ne nous inquiétons pas, la loi prévoit que l’Agence puisse s’adjoindre tous les experts dont elle aura besoin.
La logique la plus élémentaire nous porte à croire que les dossiers seront étudiés par des « experts » du privé. Ainsi, les projets de PPP dans lesquels l’entreprise privée devra intervenir seront vraisemblablement étudiés et recommandés par des spécialistes de l’entreprise privée, ce qui leur rendra la tâche de soumissionner encore plus facile. Avec, d’abord, une Agence qui s’assure que les ministères n’échappent plus à la nécessité de tout faire passer par le privé, puis avec l’entreprise privée pour recommander l’acceptation des contrats à une ministre qui a tout mis en place pour que ce type de contrat devienne la règle, on peut s’attendre à une explosion de PPP. Ce n’est plus au gouvernement qu’il va falloir verser des pots-de-vin pour obtenir des contrats, mais aux fameux spécialistes privés, probablement des firmes conseil, qui vont devenir les points nodaux dans ce processus. En ramenant l’adjudication des contrats dans les mains d’un seul ministre, on fait de l’Agence et du Conseil du trésor des usines à patronage comme on n’en avait pas vues depuis l’époque de Duplessis. Déjà qu’au Québec, les hommes d’affaires font leur argent les mains dans les coffres de l’État, on peut croire qu’il va falloir agrandir les coffres, mais on pourra toujours donner aussi ce contrat en PPP. Bref, les travailleurs vont payer les impôts, les taxes, les comptes d’Hydro et les tarifs des services publics PPP pendant que l’argent va être directement redirigé vers l’entreprise privée. Il n’est même plus certain qu’il va avoir le temps de transiter par les coffres de l’État.
En somme, par ce processus, on vient de sous-traiter une grande partie de la gestion de l’État à l’entreprise privée. Avec la walmartisation de l’emploi, nous allons assister aussi à la lavallinisation de l’État.