Dossier : Le Saint-Laurent en (...)

Présentation du dossier du # 29

Le fleuve St-Laurent en eaux troubles

Normand Baillargeon, Sophie Vaillancourt

Cette année est le 50e anniversaire de la voie maritime du Saint-Laurent. Après avoir déplacé des milliers de personnes et inondé des villages entiers pendant sa construction, elle est inaugurée en juin 1959. La revue À Babord ! a souhaité en parler à sa manière dans ce dossier spécial fleuve.

Traiter du fleuve et de sa protection est une tâche aussi gigantesque que la force qui l’habite. Les atteintes à l’intégrité du Saint-Laurent sont innombrables et son image de colosse semble faire oublier que sa santé décline. Son omniprésence dans le paysage québécois n’a d’égale que l’ignorance des problèmes qu’on lui sert de tout côté.

Sur toute sa longueur, notre cours d’eau national est sous la perfusion de systèmes d’égouts qui débordent. Il est abreuvé par des rivières remplies de purin de porc, de produits chimiques de toutes sortes et de toutes origines ainsi que de sédiments provenant de l’érosion des berges qu’on refuse de protéger.

De surcroît dans cet environnement « toxique », une chicane se profile sur le contrôle des débits d’eau provenant des Grands Lacs et dont la Commission mixte internationale (CMI) rendra public un rapport au mois de juin. Au Québec, la navigation commerciale pousse la province à demander le maintien des débits actuels au dépens d’une gestion écologique.

L’autoroute H2O

Pas étonnant quand on pense que les ports québécois enregistrent près de 120 millions de tonnes de marchandises transbordées chaque année. L’industrie du transport maritime nourrit même l’espoir de voir ce chiffre doubler d’ici 20 ans.

De quoi justifier le titre que l’industrie lui donne « d’autoroute H2O ». L’ironie du marketing pousse même à le surnommer « l’autoroute bleue ». On en vient presque à croire que le transport maritime des marchandises est la voie écologique à suivre pour maintenir notre système économique basé sur la consommation. Mais face aux problèmes qu’engendre notamment l’introduction d’espèces exotiques par les navires transocéaniques, des études démontrent qqqu’un moratoire sur la circulation de ces navires au profit d’un transport intermodal (trains et barges de lac) est viable.

Malgré tout, les mastodontes porte-conteneurs de 800 pieds de longueur circulent sur le fleuve. Comme ils frôlent le fond par endroits, il ne faut pas s’étonner de commencer à entendre, entre les clapotis, qu’on pourrait entreprendre de creuser davantage le chenal. D’ailleurs, la dangerosité de la navigation sur le fleuve amène plusieurs à se questionner au sujet du port méthanier Rabaska de Lévis. Avec tous les aspects menaçant notre cours d’eau national, la revue a esquissé un canevas débutant par une entrevue avec l’artiste et écologiste Frédéric Back, auteur de plusieurs films d’animation. C’est sa pensée sur les façons de faire, mais surtout de ne pas faire de notre société qui donne le ton à notre dossier. Comme il l’explique, nous espérons que cette goutte d’eau dans ce fleuve de problèmes saura vous rejoindre et, qui sait, lever la voix. Bonne lecture.

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