Ça joue dur à Parc-Extension

No 32 - déc. 2009 / jan. 2010

Municipalisme

Ça joue dur à Parc-Extension

Giuliana Fumagalli, Serge Mongeau

L’Université de Montréal (UdeM) a décidé d’ouvrir un nouveau campus pour y loger quelques départements ou facultés. L’endroit choisi : la cour de la gare de triage d’Outremont, qui se trouve entre Outremont et le quartier Parc-Extension. Serait-ce là un indice de la volonté de l’UdeM de se délester de son air aristocratique ? Si tel est le cas, c’est bien mal parti, car son projet ne tient aucunement compte des besoins de Parc-Extension.

Parc-Extension est un petit quartier de 1,2 km2 au cœur de l’île de Montréal, avec une population de 33 000 habitants dont 62 % ne sont pas nés ici au Québec ni au Canada. Riche de sa diversité multiculturelle, le quartier attire de plus en plus de Montréalais en quête de partage, d’échanges, de dynamisme et de logements abordables.

Le projet de l’UdeM est dans l’air depuis quelques années déjà. Il découle sans doute de la ridicule compétition que se livrent férocement les universités du Québec pour tenter d’être la plus grosse, d’être celle qui réussit à attirer le plus d’étudiants et à avoir le plus gros budget. Pour le plus grand bien des étudiants ? Certainement pas : l’immobilier se développe aux dépens d’un nombre suffisant de professeurs…

Avant de s’installer dans la cour de triage, l’UdeM dira qu’elle a consulté la population. En 2007 en effet, consultation il y a eu ; mais tellement discrète… Et qu’en a-t-on retenu ? À quel moment est-on revenu devant la population pour présenter les plans finaux ?

Comme le souligne Jean-Claude Marsan, l’UdeM pourrait répondre à ses besoins d’espace à même son campus actuel. Et si cela ne suffit pas, elle pourrait continuer à s’installer dans Parc-Extension comme elle a déjà commencé à le faire ; en effet, elle occupe déjà des locaux sur l’avenue du Parc entre les rues Beaumont et Jean-Talon, C’est là que suivent leurs cours plus du tiers des étudiants que l’université entend relocaliser sur le site de la gare de triage.

Les travaux de décontamination du terrain devraient commencer sous peu et le début de la construction par la suite. Du côté d’Outremont, on prévoit des parcs et des logements à hauteur progressive, avant d’arriver aux édifices de l’université qui devraient atteindre une hauteur d’une dizaine d’étages. Du côté de Parc-Extension, nous hériterons des quatre voies de chemin de fer… et de la palissade que constitueront les édifices de l’université. Finie la vue sur la montagne ! Il est aussi prévu de « désenclaver » le quartier en permettant le passage des autos sur la rue de l’Épée, actuellement bloquée par les voies ferrées. Est-ce de cela dont nous avons besoin, nous qui sommes déjà tellement affectées par toutes ces automobiles qui ne font que passer, mais qui polluent notre air et rendent la circulation piétonnière si dangereuse.

Une fois encore, on s’apprête à imposer aux plus défavorisés le renforcement des privilèges des élites de la ville. Nous aimerions avoir notre mot à dire sur le développement de nos quartiers.

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