La crise sans fin : Essai sur l’expérience moderne du temps

No 50 - été 2013

Myriam Revault d’Allonnes

La crise sans fin : Essai sur l’expérience moderne du temps

Yvan Perrier

La crise sans fin : Essai sur l’expérience moderne du temps, Myriam Revault d’Allonnes, Paris, Seuil, 2012, 200 p.

Dans ce livre, la philosophe qui enseigne à l’École pratique des hautes études s’intéresse à la nouvelle prégnance du concept de crise dans notre société. Ce concept a connu une évolution progressive à travers le temps. Chez les Grecs anciens, la « krisis » désigne le moment paroxystique de la maladie. Un moment critique où l’issue sera la guérison ou la mort. Il s’agit, pour l’essentiel, d’un terme qui appartenait au vocabulaire médical.

Aujourd’hui, ce mot désigne une situation opposée à son sens premier. La crise ne correspond plus à un moment, il s’agit d’un état permanent. On ne parle plus dorénavant d’une crise qui succède à d’autres crises, mais plutôt de « la crise ». Crise globale qui frappe le couple, l’éducation, la culture, la finance, l’environnement et nous en passons. La crise est inhérente à la trame de notre existence. Le mot crise cesse d’être un concept et devient une métaphore qui exprime la condition des personnes contemporaines qui sont maintenant incapables d’envisager leur orientation vers le futur. Nous vivons dans un monde de plus en plus incertain et éloigné des idéaux de la moder­nité. L’idée de temps nouveaux, la croyance au progrès et l’esprit de conquête comme facteurs de compréhension du monde se dissolvent. Les certitudes sont mises à rude épreuve.

Devant la montée des incertitudes, nous devons refuser la peur. L’auteure plaide en faveur de l’émergence d’un mode de pensée subversif. « Quelles que soient son intensité et sa dureté, la force contraignante de la crise ne signe pas l’aboutissement d’un processus inéluctable, elle ne nous enferme dans aucune fatalité. » Au contraire, elle « exige un retourne­ment et une réorientation du regard : la crise sans fin est une tâche sans fin et non une fin. »

Ce livre saura stimuler intellectuellement les personnes amateures de démonstrations philosophiques abstraites.

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