Transition agroécologique : l’avenir se construit maintenant et collectivement !

Dossier : Cultiver la résistance

Dossier : Cultiver la résistance agricole

Transition agroécologique : l’avenir se construit maintenant et collectivement !

Marie-Joëlle Brassard, Sylvie Courchesne, Christine Gingras

Le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) a pour mission de « piloter des réflexions et des projets de recherche appliquée misant sur les innovations sociales ayant une pertinence pratique pour le secteur agroalimentaire et pour la société ». Des membres de son équipe discutent de l’importance d’être à l’écoute de divers acteurs pour arriver à une transition agroécologique cohérente et adaptée.

L’agriculture est l’épicentre des transformations environnementales et climatiques. C’est tout un écosystème d’acteurs qui est atteint. C’est ce qui explique que les partenaires des activités de recherche-action conduites par le CISA sont issus d’horizons divers. Ce sont les municipalités et les MRC, les groupes communautaires, les entreprises de la chaîne de valeur agricole, allant de la production à la transformation jusqu’à la consommation. Ces différents acteurs souhaitent adapter leurs pratiques et trouver des solutions innovantes pour répondre aux défis environnementaux et sociaux.

Agir à divers niveaux pour la sécurité alimentaire

Les municipalités voient leur rôle évoluer. Elles s’occupent désormais de concevoir et de mettre en œuvre leur plan d’agriculture urbaine ou de zone agricole. Elles s’intéressent à des modèles pouvant les rendre plus attractives pour la relève et ainsi vitaliser leur territoire.

Les associations communautaires qui répondent aux besoins en sécurité alimentaire transforment les chaînes d’approvisionnement et adoptent des plateformes numériques afin de gérer plus efficacement la logistique d’approvisionnement et de distribution des surplus alimentaires.

Les entreprises collectives et les organismes qui opèrent des marchés de proximité doivent aussi accroître la coordination et l’efficacité de leurs activités par une logistique adaptée. Cette mise en marché de proximité contribue à augmenter les revenus des producteurs agricoles et répond aux préoccupations des consommateurs et consommatrices demandant des aliments sains et frais. Cet engouement pour des aliments frais intéresse même les dépanneurs, jusqu’ici freinés par les défis de gestion de ces produits.

Favoriser la collaboration entre acteur·trice·s

Toujours dans les changements en cours, le CISA observe l’émergence d’une approche de « filière de proximité territoriale ». Par exemple, un boulanger ou une boulangère souhaitant proposer un pain du terroir travaille avec une meunerie et des producteurs régionaux pour développer des cultivars de blé et en assurer l’approvisionnement. Les interactions entre les différents acteurs (agents territoriaux, entreprises, producteur·trice·s, transformateur·trice·s, consommateur·trice·s) et les partenariats s’annoncent de plus en plus innovants et structurants. Le CISA accompagne des entreprises de haute technologie pour accélérer le processus de conception d’outils – comme des robots autonomes de désherbage adaptés – par l’inclusion du futur usager ou de la future usagère du produit dès les premières étapes du processus de co-conception. C’est de l’intelligence sociotechnologique intégrée, appelée à faire avancer les projets d’économie circulaire, notamment.

L’agriculture nordique est un domaine d’innovation central pour améliorer l’accès à des produits frais et abordables par les communautés autochtones. En effet, le développement de projets agricoles dans les régions nordiques vient répondre aux difficultés d’approvisionnement dues à la distance géographique. Les conseils de bande, les municipalités nordiques, les organismes de concertation, les représentant·e·s du système de santé et d’éducation se mobilisent et façonnent des projets adaptés à leur culture, à leur façon de transmettre les savoirs, à leur façon d’être à la terre et au territoire. Ces échanges sont d’une grande richesse en matière de rapport au monde, de respect de la terre où l’ensemble du vivant est intrinsèquement lié.

Enfin, il y a celles et ceux qui sont sur les bancs d’école en agriculture. Cette relève a un parcours très différent des agriculteur·trice·s issus du modèle traditionnel. Elle porte avec elle une expérience diversifiée, des rêves et des projets chargés de sens et d’espoir. Il y a dans l’agriculture une avenue concrète pour répondre aux enjeux environnementaux. Les différents projets conduits par le CISA montrent tour à tour que les véritables changements de société s’opèrent par et pour les acteurs sur le terrain. L’innovation se tisse dans les territoires et les communautés, en cohérence avec leurs particularités, leurs réalités et leurs besoins.

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