Journalisme de combat
Lysiane Gagnon
par Claude Rioux
De même qu’il n’y a pas de rhume sans goutte au nez, il n’y a pas de « débat de société » sans Lysiane Gagnon. Réjouissons-nous au moins de la médiocrité de sa plume, car les prochaines générations n’auront sans doute pas à se taper sa boue sémantique dans une quelconque anthologie de la presse québécoise. Cependant il faut bien l’admettre, elle a du courage. Pour promouvoir les bienfaits de la vie des gens riches et chiants, Lysiane Gagnon est prête à tous les sacrifices. Passer pour une brute sans conscience, par exemple.
Dans « L’auto à Montréal » [La Presse, 25 mai 2006], elle fustige le rapport de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, qui attribue à l’augmentation incontrôlée de l’utilisation de la voiture sur l’île de Montréal la mort prématurée de 1 500 personnes par année.
« À entendre ceux qui veulent ramener la ville à la campagne, les Montréalais victimes du smog tomberaient comme des mouches […] Voilà qui est bien triste, mais l’on ne peut pas axer le développement d’une métropole sur les grands asthmatiques et les allergiques chroniques, pas plus qu’on ne règle le son de la bande sonore, au cinéma, sur les besoins de ceux qui sont à moitié sourds. Montréal n’est pas un sanatorium. » Peut-être pas en effet, mais au moins nous sommes renseignés : La Presse est un sanatorium pour vieilles chipies de droite.
Si la nausée ne l’a pas encore fait gerber sur le journal, le lecteur ou la lectrice pourra lire la suite : « Encourager la marche ? Fort bien, mais les gens doivent pouvoir venir en auto au TNM ou à La Baie. Ils doivent pouvoir circuler en auto si le transport en commun ne leur convient pas. » Traduction : la marche et les transports en commun, c’est pour ces gens-là, ceux qui sentent pas bon sous les aisselles.
Dans un rare éclair de lucidité, Lysiane Gagnon conclut : « On ne peut pas non plus privilégier des objectifs de santé publique au détriment des activités commerciales et culturelles… à moins évidemment qu’on ne veuille stopper le développement – ce qui est, en fait, l’objectif réel des écologistes radicaux. » Au moins elle aura compris ça.