Dossier : Le printemps érable - (…)

Présentation du dossier du no. 46 - Maintenant en kiosque

Le printemps érable - Ses racines et sa sève

Philippe de Grosbois, Ricardo Peñafiel, Jean-Marc Piotte

« Qui fournit la poudre, et qui l’allumeur ?

Personne ne sait ni comment, ni où, ni quand

Nos lèvres touchent à la bouche du volcan »

— Richard Desjardins, L’engeôlière

Alors que l’indignation traversait la planète depuis plus d’un an, une colère sourde habitait le Québec, sans qu’elle n’éclate au grand jour. Et puis c’est arrivé. Nul doute que la hausse des droits de scolarité n’a été que l’allumeur, pour reprendre les mots de Desjardins. Quant à la poudre, elle a d’abord été étudiante, puis, au fil des manifestations, des injonctions et d’une loi spéciale, elle est devenue populaire.

« Qu’est-ce qui s’est éveillé au Québec ? » est la question qui a animé ce dossier. Sans trop nous attarder sur les réponses de l’État et de ses sbires policiers, judiciaires et médiatiques, nous avons choisi de nous concentrer sur le mouvement dans sa rafraîchissante étrangeté comme dans ses familiarités.

Le dossier est divisé en deux parties : l’une cherche à situer le printemps québécois dans un horizon sociohistorique plus large. Ainsi, Marcos Ancelovici inscrit les mobilisations du printemps dans le cadre d’un cycle mondial de protestation, qui aurait débuté il y a environ deux ans. Ricardo Peñafiel établit plusieurs parallèles entre la révolte étudiante chilienne et celle du Québec. Xavier Lafrance replace la grève étudiante de 2012 dans le cadre de l’évolution des rapports entre les fédérations étudiantes (FECQ et FEUQ) et l’ASSÉ depuis la grève étudiante de 2005. Enfin, André Frappier critique sévèrement les directions syndicales qui n’auraient pas appuyé avec suffisamment de fermeté le mouvement étudiant.

Une seconde partie cherche à décortiquer quelques-uns des aspects originaux de ce mouvement. René Delvaux et David Sanschagrin démystifient quelques aspects de la démocratie directe telle que pratiquée à la CLASSE. Marie-Claude Olivier présente trois regroupements d’artistes qui se sont manifestés au cours du printemps. Martine Delvaux offre une analyse féministe de l’utilisation du corps à des fins d’actions politiques. Philippe de Grosbois présente les avantages qu’ont représentés les médias sociaux pour la mobilisation et la production de contre-discours. Anne-Marie Le Saux et Philippe de Grosbois reviennent sur l’expérience du groupe Profs contre la hausse et sur l’apport de celui-ci au printemps érable. Diane Lamoureux conclut avec une courte présentation des Assemblées populaires et autonomes de quartier (APAQ).

Au fil des articles, on relève une trame commune traversant ce mouvement : une vigoureuse critique de l’ordre économique néolibéral et des failles de notre démocratie, doublée d’une invitation à renouveler les formes de l’action politique dans l’espace public.

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