Publier une revue sans rédaction en chef !

Dossier - Maintenir le cap !

Dossier : Maintenir le cap !

Publier une revue sans rédaction en chef !

Isabelle Bouchard, Yannick Delbecque

Depuis 20 ans, À bâbord ! veut appuyer les efforts de celles et ceux qui traquent la bêtise, dénoncent les injustices et organisent la rébellion. Son fonctionnement reflète ces objectifs. Comment la revue s’y prend-elle ?

À bâbord ! a toujours pu compter sur une équipe d’au moins une quinzaine de personnes militantes qui participent à tous les aspects de sa production. Issues de différentes sphères de la gauche, notamment du milieu étudiant, de l’enseignement, du milieu communautaire, des bibliothèques ou du monde syndical, iels œuvrent toustes bénévolement à l’édition de la revue, à sa promotion et à sa gestion. Si chacune et chacun s’investit dans un comité particulier selon ses intérêts, iels sont par ailleurs invité·es à s’impliquer dans l’ensemble des tâches devant être réalisées pour que la revue parvienne entre les mains de notre lectorat. Au fil des ans, les personnes ayant formé le collectif de rédaction de la revue ont été nombreuses.

Ces personnes ont été et sont toujours le noyau responsable de la pérennité du projet bâbordien ! Sans elles, pas de revue !

Ce qui est encore plus remarquable, c’est que depuis sa formation, cette équipe de revuistes s’est presque totalement renouvelée. Certaines personnes militantes sont là depuis longtemps, alors que d’autres n’y ont effectué qu’un bref passage. On observe même des personnes revenir au sein du collectif après une pause de quelques années. Il faut dire qu’il fait bon de militer à À bâbord ! tant la camaraderie, le respect et le plaisir de produire un numéro sont contagieux et rassembleurs !

Jamais sans discussion

Il faut assister à une de nos assemblées générales annuelles durant toute une fin de semaine de juin pour nous voir programmer à l’avance les sujets des prochains dossiers. Les propositions sont nombreuses, variées, renouvelées, surprenantes ! Comment les membres arrivent-iels à choisir quatre dossiers face à un véritable foisonnement d’idées et de projets ? L’équipe choisira de manière consensuelle.

La même synergie se dégage des réunions régulières se tenant le dimanche, peu avant la production finale d’un numéro. C’est le moment où le collectif de rédaction examine l’état de la production de la revue. C’est aussi l’occasion pour les personnes responsables des divers comités de faire le point avec l’ensemble des membres de l’équipe qui pourront décider ensemble des orientations à suivre.

C’est aussi lors de ces rencontres qu’est préparé l’éditorial constituant le premier texte d’un numéro, un texte significatif puisqu’il s’agira du seul texte signé en commun par le collectif. Après entente sur un sujet d’éditorial, des personnes volontaires seront responsables de produire un texte qui sera soumis par courriel à l’ensemble des membres. Iels peuvent alors accepter intégralement le texte proposé, l’accepter en proposant des modifications mineures ou le refuser.

Sans hiérarchie

Nos pratiques montrent qu’À bâbord ! est une organisation horizontale, ce qui veut dire qu’aucune personne et qu’aucun comité n’a autorité sur les autres. La responsabilité de certaines tâches est certes déléguée à des personnes qui pourront prendre des décisions de manière autonome. C’est le cas par exemple de la coordination du dossier d’un numéro par une petite équipe qui assumera l’appel de textes de manière indépendante, mais en faisant rapport au collectif. Cette manière d’organiser le militantisme permet à la revue de mettre de l’avant les visions politiques et expériences variées de chacun·es des membres du collectif.

Pour bien comprendre, le consensus n’est pas l’unanimité, mais un processus décisionnel respectant deux principes généraux : la parole de chacun et chacune est d’égale importance et les positions adoptées requièrent l’adhésion de tout le monde. Cela exige d’écouter les autres et, en cas de divergences, de proposer une idée pouvant rallier. Dans les deux cas, cela demande ouverture d’esprit et capacité de lâcher-prise sur ses positions.

Conséquemment, il n’y a pas de « rédacteur en chef ». Le seul patron de la revue depuis 20 ans, c’est NOUS, le collectif de rédaction !

Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème