Mini-dossier : 2012, an dix

Mini-dossier : 2012, an dix

C’était don beau

Claire Ross

Comme toutes les commémorations, celle qui est en cours ces jours-ci risque fort de servir une certaine forme d’oubli : de tout ce qu’il y a eu d’exigeant, de conflictuel dans la grève d’il y a dix ans – et qui demeure actuel.

« Ah ! 2012 ! C’était don beau, la jeunesse engagée, les manifestations, la victoire !  » Des banalités du genre sont vouées à résonner un peu partout à l’occasion du dixième anniversaire de la grève. C’est qu’il peut être tentant, quand on se ressouvient de la grève de 2012, d’en faire un événement essentiellement positif, festif, une mobilisation triomphale parce qu’ayant engendré un beau et grand mouvement et – comble de la gloire ! – obtenu l’annulation de la hausse de 1 625 $ des frais de scolarité prévue par le gouvernement Charest. Eh ! Après tout, la protestation étudiante a même donné naissance au vaste mouvement populaire des casseroles, forcé la tenue d’élections et mené à la chute d’un gouvernement corrompu ! Or, dans ces quelques mots, dans cette célébration de la « jeunesse engagée manifestant jusqu’à la victoire », se trouve condensé tout ce qui menace de vider de son sens la mémoire de 2012.

La jeunesse

Loin de donner lieu à d’idylliques scènes où se serait spontanément exprimé l’esprit de solidarité d’une jeunesse unie dans la défense de ses intérêts, la grève de 2012 telle que je l’ai vécue a d’abord été une expérience d’adversité et de division.

J’écris « grève », mais en vérité, dans le cégep de Québec où j’étudiais en 2012, nous n’avons jamais été en grève. Nous étions d’ailleurs loin d’être les seul·es dans une telle situation : il y a là toute une dimension de 2012 qu’on ferait bien ne pas escamoter trop rapidement. Au fil des distributions de tracts, des débats et des assemblées générales, mes camarades et moi-même nous sommes confronté·es au mieux à l’indifférence, au pire à l’opposition obstinée de nos semblables. J’ai souvenir des appels inquiets à «  ne pas retarder l’entrée sur le marché du travail » lancés par des étudiant·es soucieux·ses de rejoindre au plus vite le salariat et ses promesses. J’ai souvenir de ceux qui arboraient fièrement un carré vert au revers de leur veston, et de leurs injonctions à « nous forcer pour nous payer une éducation et investir dans notre avenir  ». Et j’ai souvenir, tout particulièrement, des contingents d’étudiant·es en techniques policières qui se présentaient en uniforme aux assemblées générales de mon cégep pour voter en masse – en suivant fidèlement les signaux d’un ou deux de leurs leaders – contre tout ce qui pouvait ressembler à du militantisme étudiant. Le texte de Steeve Simard (p. 28-29) évoque clairement les déchirements qui se jouaient jusque dans les établissements d’enseignement et qui ont culminé dans une série d’injonctions, une judiciarisation à outrance de ce qui était bel et bien un conflit étudiant [1].

Ce conflit intestin ne se jouait pas qu’entre une faction mobilisée et une autre démobilisée, loin de là. Nous affrontions les blasé·es et les satisfait·es, mais aussi les jeunes idéologues néolibéraux en formation – comme quoi le camp du il-faut-payer-pour-vivre n’avait aucune peine à se renouveler à même les générations montantes. Nous nous butions, plus encore, à cette étrange contre-mobilisation réactionnaire mêlant tenant·es d’une libarté obtuse et escouades de défenseurs de l’ordre en rangs serrés. Il est d’ailleurs dur, a posteriori, de ne pas percevoir là un avant-goût de cette droite agressive qui a pris depuis une inquiétante expansion, au point de prétendre au statut d’alternative à la droite libérale conventionnelle, en perte de crédibilité.

Si un tel antagonisme a pu émerger à même la « classe étudiante », c’est parce qu’on n’avait pas affaire à un mouvement simplement « étudiant » ou « de la jeunesse » : la grève était un mouvement éminemment politique, structuré non simplement par des intérêts corporatistes ou générationnels, mais par des valeurs et des revendications clairement ancrées à gauche, idéologiquement situées et ne pouvant donc pas, par définition, faire consensus. Pour moi, pour plusieurs d’entre nous, la grève aura été, au fond, une découverte à la dure de cette fameuse « polarisation » entre une gauche qui reprend des forces et une droite qui défend férocement ses positions.

Engagée

La mobilisation de 2012 avait donc un contenu politique clair, fort. Elle n’était pas simplement le fait de militant·es enthousiastes, heureux·ses de « s’exprimer » et de « se faire entendre », de « prendre enfin part au débat public » et de « goûter aux joies de l’engagement politique ». Soyons clairs : dans la mesure où six mois de débrayage et des semaines de manifestations nocturnes remettent lourdement en question le cours normal des choses et les formes habituelles de la participation politique, cette longue grève a certainement été l’occasion d’une solidarité, d’une autonomie et d’une vitalité hors de l’ordinaire qui comptent parmi ses enseignements les plus précieux (comme le montrent bien Clémence Harvey et Miriam Hatabi, en p. 26-27).

Cela dit, le mouvement avait aussi des objectifs, des ambitions ne se bornant pas à la mobilisation pour la mobilisation. On ne saurait conserver le souvenir de la grève comme pure forme sans porter attention au contenu qui a été le sien – à ses revendications, ses désirs, ses idéaux. La grève, faut-il le rappeler, visait d’abord à obtenir une éducation publique accessible et pas trop inféodée aux exigences du marché. Plus largement, elle est rapidement devenue l’occasion de faire valoir une vision du monde où la justice, l’égalité, la liberté s’affranchiraient un tant soit peu des diktats imposés par la Sainte-Alliance du capital et de l’État. En témoignent par exemple les perturbations du Salon Plan Nord en avril et du Grand Prix en juin, de même que la manifestation organisée le 22 juillet par la CLASSE, dont le mot d’ordre était « contre le néolibéralisme ». Ont aussi pris corps, au fil des mois, toutes sortes de préoccupations voisines, notamment féministes (voir l’entrevue à ce sujet avec Camille Robert, p. 29-32). De bien des manières, pour une multitude de grévistes, 2012 a été le déclencheur d’une – osons le mot – radicalisation politique, la défense soutenue et acharnée du b.a.-ba de la social-démocratie ouvrant finalement la porte à une rencontre avec les imaginaires socialiste, autonome, anarcha-féministe, etc.

L’une des meilleures manières d’effacer toute cette dimension de la grève consiste sans doute à mettre l’accent sur le mouvement des casseroles contre la loi spéciale – ou encore sur ces carrés blancs « contre la violence » et « pour une sortie de crise » – et à en faire un point culminant de la mobilisation, lors duquel le mouvement étudiant serait enfin parvenu à réunir autour de lui un large soutien citoyen. Or, il me semble pour le moins douteux de chercher à faire tenir là-dedans l’esprit de 2012, en dépeignant des tintamarres familiaux aux accents parfois ni-de-gauche-ni-de-droite, demandant finalement surtout le respect des bonnes vieilles conventions de la démocratie libérale et le retour de la « paix sociale » et réclamant au passage la démission d’un vilain gouvernement corrompu. Nous ne nous battions pas simplement pour avoir le droit de nous battre, et certainement pas pour demander poliment d’être dominé·es et exploité·es dans les règles de l’art par les entrepreneurs austéritaires qui se relaient pour nous gouverner.

Nous nous battions dans l’espoir que l’existence dans laquelle nous étions jeté·es soit autre chose que le long repaiement d’une dette. Et à cet égard, l’endettement étudiant n’était au fond qu’une forme particulièrement flagrante de cette dette qui nous est imposée chaque jour dans un monde où le droit de vivre est conditionnel au fait de se tuer au travail. Nous nous battions, aussi, pour arracher un tant soit peu de pouvoir à ceux qui le monopolisent, parce que nous refusions que l’essentiel de ce qui concerne notre vie commune soit décidé d’en haut par quelques tristes personnages qui nous méprisent.

Effacer cela, taire cette contestation radicale, c’est non seulement se condamner à ne rien comprendre des événements de 2012, c’est aussi étouffer leur charge toujours actuelle, puisque les aspirations qui s’y sont fait jour demeurent pour l’essentiel à concrétiser.

Les manifestations

Bien qu’il y ait eu dans la grève une ardeur et une conviction remarquables, il ne faudrait pas faire l’erreur de se la raconter comme un joyeux carnaval. Loin d’être un facile retournement de l’ordre établi, la grève a fait face à un pouvoir bien décidé à la mater et à rétablir ledit ordre, à grand renfort de brutalité. Nul besoin de s’étendre sur les violences que nous réservaient les policiers : intimidation, gazages, tabassages, blessures graves, arrestations de masse – ces images sont bien connues (et bien évoquées par Nicolas Vigneau, en pages 24-25). Nul besoin, non plus, de nier – comme si c’était honteux – que la réponse étudiante à ces attaques n’était pas toujours docile ni pacifique. Il faut peut-être rappeler, cela dit, que certaines des interventions policières les plus sévères ont eu lieu après le changement de garde à la tête de l’État, en marge du Sommet sur l’enseignement supérieur organisé en 2013 par le Parti québécois.

On se souvient aussi généralement assez bien que 2012 a vu s’établir une féroce remise en cause du droit même des étudiant·es à faire grève. La clientèle étudiante, disait-on, n’était qu’en mesure de « boycotter » individuellement ses cours. De même, la triste mémoire de la loi spéciale est encore bien vivante : on n’est pas prêt·es d’oublier, je l’ai dit, que le gouvernement s’est cru permis non seulement d’interdire le débrayage étudiant, mais aussi de restreindre sévèrement le droit de contester son pouvoir en manifestant dans l’espace public. Ici encore, il n’est pas inutile de rappeler qu’en 2013, le gouvernement Marois a longtemps jonglé avec l’idée « d’accorder » formellement le droit de grève aux associations étudiantes – c’est-à-dire, très certainement, d’encadrer et de limiter strictement les conditions dans lesquelles le mouvement aurait pu recourir à ce moyen de pression.

Rapidement, le conflit étudiant est devenu un affrontement acharné entre un État méprisant et autoritaire, désireux d’avoir raison de la résistance, et un mouvement social forcé de défendre son droit même à l’existence. D’un gouvernement à l’autre, la répression de la mobilisation a été au cœur de l’expérience de la grève. Cela dit, plusieurs d’entre nous n’avons pas tant eu l’impression de faire face aux regrettables « excès » d’un mauvais gouvernement que de découvrir le vrai visage de l’État, celui qu’il peine à cacher quand on le pousse dans ses derniers retranchements. Plus généralement, nous avons aussi pu constater que, contrairement à ce qu’on avait voulu nous faire croire, l’État n’était pas nécessairement un bienfaisant rempart contre l’expansion du marché : nous avons clairement vu que le premier pouvait très bien se faire le bras armé de la seconde. Pour bien des grévistes, la mobilisation de 2012 a d’abord été l’occasion de découvrir les mensonges de la démocratie libérale et les fins de non-recevoir qui y sont le plus souvent opposées aux espoirs venus d’en bas.

La victoire

La grève de 2012, ç’aura aussi été une expérience de déceptions, de trahisons, de défaites. C’est, ultimement, l’histoire d’un dénouement électoral, souvent présenté comme une occasion démocratique suprême couronnant de succès la contestation étudiante, mais ayant surtout eu pour effet d’étouffer la mobilisation, de neutraliser la radicalité de la grève et de jeter la première poignée de terre sur ses revendications.

Rappelons-nous cette opposition péquiste qui, quelques semaines après avoir exhibé le carré rouge jusqu’à l’Assemblée nationale, troquait une hausse abrupte des frais de scolarité pour une indexation plus douce, mais infinie. Cela, alors que le parti comptait dans ses rangs l’une des trois figures étudiantes les plus en vue, décidément « en mode solution  ». Bien sûr, pour ajouter l’insulte à l’injure, on tentait de nous faire croire que c’était là la réalisation de nos vœux les plus chers : « l’indexation, c’est le gel » ! Une telle affirmation était assez évidemment grotesque, mais elle avait le mérite de passer sous silence le fait que nous étions des milliers à demander non le gel, mais la gratuité – et plus encore.

On ne saurait, il me semble, célébrer « la plus grande mobilisation étudiante de l’histoire du Québec » sans souligner à grands traits qu’après près de sept mois de débrayage, elle s’est finie en queue de poisson, qu’elle s’est soldée, en fin de compte, par un échec. Il y a quelque chose de sordide à entendre ces ex-« leaders » satisfait·es et soucieux·ses de défendre leur bilan nous expliquer que, vu le contexte d’adversité, « nous aurions difficilement pu espérer mieux comme dénouement [2] ». On peut certes se livrer à une guerre de chiffres pour essayer de déterminer précisément si l’indexation instaurée à la suite du Sommet sur l’enseignement supérieur – combinée à des améliorations aux prêts et bourses, mais à des réductions au crédit d’impôt pour frais de scolarité, etc., etc. – aura constitué ou non un gain, aussi maigre soit-il, pour la condition étudiante. Il reste que sur le coup, la décision du gouvernement Marois avait été jugée insultante par les trois grandes associations étudiantes nationales : dans la mesure où les attentes portées par une mobilisation ne sont pas satisfaites, on peut difficilement parler de victoire, me semble-t-il – sauf à considérer que la défense des acquis et le damage control sont les finalités des luttes sociales. Mais surtout, le bilan est encore plus évidemment désolant si l’on tient compte des revendications plus larges, des espoirs plus grands qui sont nés chez les étudiant·es au fil des mois de mobilisation, concernant non seulement l’éducation et ses finalités, mais aussi le modèle social dans son ensemble. On ne saurait affirmer qu’ils ont été exaucés par la hausse à rabais du gouvernement Marois – ni, c’est le moins qu’on puisse dire, par la Charte des valeurs péquiste, l’austérité libérale ou la guerre caquiste contre les wokes qui ont marqué les années suivantes.

Il ne faut pas sous-estimer, enfin, le risque de voir la mémoire de 2012 confinée dans la case étroite de la politique partisane, voire limitée à la seule personne d’un porte-parole devenu porte-parole. Déjà, après le déclenchement des élections à l’été 2012, la volonté de certain·es au sein de la CLASSE de mettre fin au débrayage et de rediriger leurs efforts vers la campagne de Québec solidaire n’est pas tout à fait étrangère à la déroute de la grève et donc, ultimement, à la faillite de ses revendications. Certes, l’investissement de la scène parlementaire peut, dans une certaine mesure, être une manière de faire perdurer quelque chose de la force progressiste de 2012. Mais il ne faudrait tout de même pas voir là l’apothéose, le couronnement d’un mouvement de contestation, quand il s’agit plutôt, me semble-t-il, d’un mal nécessaire, d’un compromis stratégique visant – peut-être – à concrétiser quelques-unes des aspirations les plus « raisonnables » venues de la rue. Sa dimension partisane et parlementaire ne peut, en tout cas, représenter qu’une fraction de l’héritage de 2012 – comme le veut l’excellent mot d’ordre de la diversité des tactiques [3]. Plus pernicieuse encore est cette tendance qu’ont les anciens « visages » de la grève, après avoir rencontré un certain succès, à présenter leur brillant parcours comme l’incarnation même des suites du mouvement. Ce faisant, ils ne manquent pas d’insister que leur assagissement, leur modération, est tout à l’honneur de ce qui, après tout, demeurait peut-être un peu trop naïf, un peu trop turbulent. « Dans la vie, je pense qu’on peut changer tout en restant cohérent avec ses valeurs », nous explique-t-on, ajoutant avec fierté que si on a « évolué », c’est parce qu’on a « pris de l’expérience, de la maturité, aussi [4] ». Voilà un bien triste sort à faire subir à la mémoire de 2012 que cette prétention à faire vivre un héritage qu’on s’efforce en fait de modérer, de refouler.

Toutes ces expériences de conflictualité, de marginalisation, de violence, de désirs à peine nés et aussitôt bafoués ne sont pas restées sans conséquence. Dans les années qui ont suivi 2012, j’ai vu autour de moi beaucoup de colère, de détresse. Nous étions nombreux·ses à vivre difficilement avec le sentiment, nouvellement acquis ou exacerbé à outrance, que le monde dans lequel il nous fallait vivre nous était sérieusement hostile. Nous étions nombreux·ses à ne pas savoir que faire des aspirations auxquelles la grève avait laissé toute la place, mais qui semblaient devoir rester sans lendemain alors que nous retournions en classe et reprenions le rythme monotone de la vie quotidienne. Par la suite, nous avons, avec plus ou moins d’aise et de succès selon les cas, réappris à vivre dans ce monde. Mais, en vérité, nous savons que le problème demeure entier. « Travaille, consomme, pis ferme ta gueule. »


[1La mobilisation étudiante a suscité tout autant d’animosité au sein de la population générale. En passant sur la Grande Allée, à Québec, nous recevions crachats, injures, projectiles de la part des gens aux terrasses. Le mouvement des casseroles, souvent dépeint comme l’expression d’un ras-le-bol populaire consensuel, avait ses opposant·es, et des plus décidé·es. À plus d’une reprise, alors que mon frère de 15 ans et ma sœur de 13 ans étaient sorti·es faire du bruit dans notre rue, il et elle ont fait face aux menaces et aux invectives des voisins. L’un d’eux – celui qui arborait fièrement un immense ruban « Appuyons nos troupes » sur sa façade – est sorti sur sa galerie marteau à la main pour leur expliquer que s’il et elle continuaient de taper sur leurs casseroles, il se ferait, lui, un devoir de leur taper dessus.

[2Gabriel Nadeau-Dubois, Tenir tête, Lux, 2013, ch. 11.

[3Loin de moi l’idée de sous-entendre que le prolongement de 2012 aurait été tout entier accaparé par l’appareil partisan de Québec solidaire. Bien au contraire, je sais pertinemment que les militant·es d’il y a dix ans sont aujourd’hui impliqué·es dans une multitude d’initiatives de toutes envergures et de divers degrés de radicalité. J’espère simplement que la compréhension que nous avons des suites de 2012 puisse rendre justice à cela. Chose certaine, on peut douter qu’un parti misant en fin de compte assez peu sur la mobilisation populaire soit l’incarnation idéale de ce qui a bel et bien été une expérience d’auto-organisation militante, d’éducation politique et de participation directe d’une ampleur difficile à saisir pour celles et ceux qui n’y ont pas pris part directement.

[4Déclaration de Gabriel Nadeau-Dubois sur sa page Facebook, le 13 février 2022.

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