Présentation du dossier du numéro 101
Qui échappe à l’extractivisme ?
Le 9 octobre 2024 à 18h30, lancement double !
Numéro 101 de la revue À bâbord ! : Qui échappe à l’extractivisme ?
Livre L’antiwokisme en débats de Learry Gagné (Éditions de la rue Dorion)
À la Coop l’Agenda (6692 rue St-Denis, Montréal). Entrée libre, bienvenue à toutes et à tous !
L’extraction des ressources naturelles est une affaire bien canadienne, mais aussi bien québécoise. On creuse des mines pour extraire les minerais du sol ; on coupe des forêts pour extraire les matières ligneuses ; on bâtit de grandes infrastructures hydroélectriques pour extraire l’énergie de la force hydraulique. Ce mode de « création de richesses », aussi destructeur soit-il, est rarement remis en question dans les sphères politiques. Pour preuve, dans les dernières années, la question de l’extraction du lithium s’est articulée autour de l’opposition privatisation/nationalisation de la ressource, plutôt que de générer un débat sur la validité de la filière batterie pour répondre aux enjeux bien réels liés aux changements climatiques. Est-ce que la perpétuelle extraction de ressources énergétiques règlera plus de problèmes sociaux et environnementaux qu’elle n’en créera ? Un pipeline peut-il vraiment être une réponse à la crise climatique ?
Au Canada, l’extractivisme est un paradigme dominant. C’est ce que ce dossier vous invite à considérer. L’extractivisme est aussi une manière de se comprendre collectivement : Chléo Pelletier nous montre comment le nationalisme québécois est indissociable de l’hydroélectricité, un mode tout particulier de prise de possession du territoire et d’affirmation nationale. Aujourd’hui, ce nationalisme énergétique semble vouloir se renouveler dans la foulée de la transition énergétique avec le Projet Saint-Laurent, que notre collaborateur Quentin Lehmann décortique pour nous. Jean-Philippe Sapinski nous amène quant à lui au Nouveau-Brunswick, où le tentaculaire empire des Irving s’est emparé de l’appareil médiatique et politique de la province. Dans les Prairies, ce sont les champs desquels on extrait, depuis des décennies, des ressources agricoles et énergétiques, ainsi que de la valeur spéculative. L’extraction de ressources s’est d’ailleurs construite sur tout un dense et complexe échafaudage financier. Dans une entrevue avec Divest McGill, nous nous rendons au cœur de la lutte qui cherche à pousser les institutions à retirer leurs investissements des combustibles fossiles. Enfin, le collectif de MiningWatch Canada nous offre une rétrospective de plus de 25 ans de militantisme contre l’extractivisme au Canada et à l’étranger.
Plus qu’un système économique, l’extractivisme, en tant que conception du monde, dérobe les vies. Dans un texte très documenté, Philippe Blouin nous fait le récit des enfances arrachées et monétisées des orphelins de Duplessis et des enfants autochtones pour lesquels les Mères mohawks luttent sans relâche depuis des années. À l’université, ce sont les savoirs autochtones que l’on extrait au détriment des communautés selon Geneviève Sioui.
Tous ces appels à la prudence, à la responsabilité et à la résistance nous enjoignent de déceler, de dénoncer et d’échapper à l’extractivisme sous toutes ses formes, partout où il se cache.
Dossier coordonné par Arianne Des Rochers, Miriam Hatabi, Louise Nachet et Samuel Raymond
Illustré par Elisabeth Doyon
Avec des contributions de Philippe Blouin, Catherine Coumans, Val Croft, Arianne Des Rochers, Viviana Herrera, Jamie Kneen, Quentin Lehmann, André Magnan, Diana Martin, Chléo Pelletier, Jean Philippe Sapinski, Geneviève Sioui et Rodrigue Turgeon