La constitution chilienne sera bientôt réécrite par une assemblée constituante élue. La question de la place des peuples autochtones et des Afrodescendant·e·s dans cette assemblée, et donc dans la future constitution du pays, est cruciale.
Les peuples autochtones [1] sont à la tête d’un mouvement pour la souveraineté alimentaire qui repose sur la restauration des systèmes agroalimentaires ancestraux. Bien que nous nous efforcions de restaurer ce que le colonialisme a confisqué de nos tables, il demeure que sans réparation ni restitution de nos territoires, aucune justice n’est possible. La souveraineté alimentaire passe par la restitution des terres.
L’Association des femmes autochtones du Canada estime qu’au cours des vingt dernières années, au moins 500 femmes autochtones à travers le Canada seraient disparues et pourraient avoir été assassinées. En mars 2004, face à l’indifférence et à l’impunité, elle a lancé la campagne Sœurs d’esprit, afin de sensibiliser la population à ce drame, de faire connaître les violences que vivent les femmes autochtones et de rendre justice et honneur aux disparues.
Aujourd’hui, la majorité des Autochtones du Canada devient urbaine. Alors que cela risque de bouleverser définitivement la vision passéiste que l’on a trop souvent d’eux, j’ai souhaité rencontrer dans le cadre d’un projet photographique une dizaine de jeunes habitant à Montréal. Celles et ceux y ayant presque toujours vécu ont bien voulu m’expliquer ce qui les a retenus en ville ; celles et ceux arrivé·e·s il y a peu m’ont évoqué les raisons de leur venue et les conséquences que cela a eues sur leur vie et leur identité. Voici une partie de ce qu’il m’a été permis d’apprendre.
Au cours des siècles ayant suivi l’arrivée des Européens en Amérique, ce sont d’abord des élites politiques et des religieux espagnols, portugais, français et anglais qui ont défini les autochtones, en même temps qu’ils mettaient en oeuvre des politiques destinées à les subordonner, à les convertir et à les assimiler. L’accès à l’indépendance des anciennes colonies du nord et du sud n’a pas signifié grand-chose pour les autochtones, sinon un changement de maîtres. Le XIXe siècle a été partout marqué par une expropriation massive et violente des territoires autochtones afin de faire place au flux accru des immigrants européens. Les autochtones n’ont cependant pas assisté impuissants à cette dépossession.
Voix autochtones est une émission diffusée sur la radio communautaire CKIA FM de Québec portant sur les actualités politiques, sociales, culturelles et artistiques des Premières Nations, le tout accompagné de musique autochtone contemporaine et traditionnelle. Rencontre avec la réalisatrice et animatrice, Donna Larivière, de la nation algonquine.
Le 29 juin 2006, le Canada (avec la Russie) votait contre l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones à la première séance du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Ce vote constitue un revirement majeur par rapport à l’attitude adoptée par le Canada durant les vingt années pendant lesquelles s’est élaborée cette déclaration. Un retour en arrière sur l’historique et le contexte d’élaboration de cette déclaration, ainsi qu’une analyse de la position du Canada, permettra de mieux comprendre — et d’expliquer — ce vote qui ne répond aux demandes ni des autochtones, ni des partis d’opposition, ni des ONG, ni du Comité permanent des affaires autochtones.
Entre le 4 et le 9 octobre 2005, le Guatemala fut frappé de plein fouet par l’ouragan Stan. Selon la Coordination nationale pour la prévention des catastrophes (CONRED), l’ouragan causa la mort de 669 personnes, la disparition de 884 individus et détruit 9 136 habitations. Cette catastrophe mit en évidence la situation précaire des populations autochtones et le manque d’attention portée à leur égard par un État qui les a systématiquement négligées, en dépit des Accords de paix signés en 1996 [2]. En fait, les communautés rurales où vivent la majorité de la population autochtone sont les plus marginalisées du pays.
If we don’t use our land, we’re gonna lose it.
Theresa Spence,
Chef de la réserve d’Attawapiskat
La télévision d’État canadienne a proposé en janvier dernier aux citoyens de sa monarchie cathodique une série de quatre épisodes, en version française et anglaise, portant sur la situation actuelle des peuples autochtones du Canada. L’objectif de 8e feu, tel qu’annoncé par le diffuseur : « Montrer pourquoi il est urgent de rétablir la relation que le Canada entretient depuis 500 ans avec les peuples autochtones, enlisés dans le colonialisme, les conflits et le déni. »
La région métropolitaine de Montréal concentre sur son territoire la huitième plus grande population autochtone urbaine au Canada. Entre 2001 et 2006, le nombre d’Autocthones vivant à Montréal a bondi de 60 % pour se fixer à près de 18 000 personnes. Et rien ne semble indiquer que la tendance s’inversera. Les services de santé disponibles sont toutefois mal adaptés aux besoins particuliers de cette population et le temps presse pour remédier à la situation.
En juin 2002, la tenue d’une consultation populaire dans la municipalité de Tambogrande, Piura, Pérou, à propos d’un projet d’exploitation d’une mine d’or mené par la compagnie canadienne Manhattan Minerals Corp., avait marqué l’histoire de la résistance au modèle de développement basé sur l’exploitation des ressources non renouvelables. [3] Les citoyens de Tambogrande, une municipalité non autochtone dont l’économie est tournée vers la production de mangues et de limes, avaient alors massivement rejeté le projet minier, entraînant éventuellement le retrait de la compagnie canadienne. Pour la première fois dans les Amériques, une population locale appuyée par des ONG nationales et internationales utilisait la voie des urnes pour signaler son opposition à l’imposition d’un projet de développement contraire à ses intérêts.
Les nations autochtones de Colombie, qui sont plus d’une centaine dont plusieurs en situation de quasi-extinction, se tournent de plus en plus vers les tribunaux pour obtenir justice et réparation pour les torts qu’elles ont subis.
Le 13 septembre 2007, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait, après 12 ans de négociations et d’atermoiements, sa Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Dans les deux Amériques, on estime à environ 50 millions le nombre actuel des autochtones, qui sont présents dans tous les pays (sauf l’Uruguay), mais concentrés surtout dans les Andes (Pérou, Bolivie) et en Mésoamérique (Mexique, Guatemala).
Les femmes algonquines soutenues par le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or ont rompu le silence. En révélant les abus sexuels criminels dont elles disent avoir été victimes de la part d’agents de la Sûreté du Québec, ces femmes ont déclenché un raz-de-marée médiatique qui a forcé le gouvernement à « agir ». Comment ? En proposant une rencontre qui s’est avérée infructueuse avec les chefs autochtones et en promettant de l’argent pour appuyer les organismes qui travaillent avec les femmes autochtones de Val-d’Or. Une goutte d’eau en pleine tempête... De haut en bas, d’un bout à l’autre, les appareils gouvernementaux ont failli à protéger et soutenir ces femmes en situation de grande vulnérabilité.
824. C’est le nombre de femmes autochtones disparues ou tuées depuis la fin des années 1980 d’après une recherche parue en 2013. Le rapporteur spécial de l’ONU, James Anaya, parle d’une véritable « épidémie ». Au Canada, une femme autochtone court cinq fois plus de risque qu’une femme non-autochtone de mourir de mort violente. Devant l’inertie du gouvernement, de la police et des institutions, des femmes autochtones et leurs allié·e·s s’organisent.
La mort de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette dans des circonstances nébuleuses et violentes a créé une onde de choc soudaine au Québec, signe d’une amnésie collective qui dure depuis des décennies en ce qui concerne le traitement des Autochtones.
Avec la collaboration de Louisa Argun et Isabelle Wallace*
L’idée d’une transition écologique est un concept étranger aux nations autochtones puisque la prise en compte de la nature et de l’écologie y est inhérente et fait donc partie de leur culture. Le territoire, c’est ce qui nous identifie en tant que Nation, dit la représentante jeunesse pour Femmes autochtones du Québec. Il s’agit moins pour nous d’une « transition » que d’une transmission de ces valeurs.
Suzy Basile est professeure à l’École d’études autochtones de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Elle a consacré sa thèse à l’identification du rôle des femmes atikamekw, leur place dans la gouvernance locale, leurs perceptions de l’état du territoire et leurs préoccupations par rapport aux connaissances qui s’y rattachent. Cette recherche a mis en lumière l’importance d’assurer une place aux femmes dans les mécanismes de prise de décision afin que leurs savoirs contribuent au maintien et au renforcement du lien profond entre la nation atikamekw et le territoire.
Quand les premières populations euro-canadiennes sont arrivées dans les Laurentides, dans les années 1800, beaucoup d’Algonquin·e·s (Anishnabes) étaient présent·e·s dans la région et vivaient sur ces terres. Le territoire algonquin s’étend de Trois-Rivières jusqu’aux portes de la Baie-James.
Situé au square Cabot, à quelques minutes à pieds du métro Atwater, le Café de la Maison ronde cherche à favoriser la mixité sociale et l’autonomisation des Autochtones. Le projet d’économie sociale est porté par le Groupe communautaire L’Itinéraire (qui publie le magazine du même nom), avec la collaboration de l’arrondissement Ville-Marie.
En 2014, la GRC alléguait qu’il y avait 1 200 femmes autochtones assassinées ou disparues depuis les années 1980. Si on ajustait ce nombre à la population en général, ce serait 32 000 femmes qui seraient dans la même situation, soit autant qu’en temps de guerre. J’ai voulu présenter le cas particulier de Sindy Ruperthouse, une Anishnabeh de la communauté de Pikogan, pour dénoncer le sort réservé aux femmes autochtones par la société dominante.
Catherine Tremblay a séjourné du 25 mai au 25 novembre 2015 au Guatemala, dans le cadre d’une mission de Projet accompagnement Québec Guatemala. Elle y a accompagné les communautés autochtones locales dans leur combat pour la reconnaissance de leurs droits.
Le mouvement Idle No More est né à l’automne 2012, initié en Saskatchewan par deux femmes autochtones et deux citoyennes canadiennes. Sans politicienNEs élues, sans chef national ni salariéEs, Idle No More coordonne des actions stratégiques en mobilisant des leaders autochtones de la base et des Canadiennes de toutes origines contre le projet de loi C-45, dont ses impacts sur les droits à l’eau et au territoire prévus par la Loi sur les Indiens. Le mouvement s’en prend aux politiques visant à couper (...)
Le film Avatar, la plus récente réalisation de James Cameron, raconte comment les humains entreprennent de coloniser une planète et de déplacer puis d’exterminer le peuple d’indigènes qui y habitent afin de s’emparer des riches ressources de leur territoire. Cette allégorie nous donne de nombreux sujets de réflexion.
Il serait malhonnête de présenter la « région 08 » sans évoquer le fait que, bien avant sa création officielle comme région administrative, son territoire était habité. En effet, pendant plus de 7 000 ans, des communautés autochtones nomades y ont vécu. Elles ont d’ailleurs inspiré son nom : Abitibi signifie « là où les eaux se séparent » et Témiscamingue « eau profonde », « lac profond ».
Le 10 juillet dernier, j’ai eu la chance d’accompagner, le temps d’une soirée, un projet pilote surprenant et très intéressant d’Exeko : IdAction mobile. À bord d’une camionnette, nous avons sillonné les rues du centre-ville de Montréal à la recherche des lieux refuges des jeunes autochtones itinérantEs.
En ce qui concerne les mouvements autochtones d’Amérique latine, depuis deux décennies, les dynamiques nationales ont pris le pas sur les tendances globales qui avaient caractérisé la période précédente, marquée par les contre-célébrations du cinquième centenaire de la « découverte » (sic) de l’Amérique ; pour la première fois, des représentants des peuples des hauts plateaux purent échanger avec ceux de la forêt amazonienne ou de la prairie canadienne. La question des alliances politiques s’est progressivement imposée comme nous le verrons dans ce survol de la situation en Bolivie.
La découverte du corps de la jeune Tina Fontaine, à la mi-août, a relancé le débat sur les femmes autochtones portées disparues ou assassinées. Il y a longtemps que les associations de femmes autochtones et l’Assemblée des Premières Nations, le Rapporteur de l’ONU sur les droits autochtones, Amnistie internationale nous alertent sur le caractère inacceptable de cette situation. Cette fois-ci, leur appel doit être entendu.
Les Chiliennes et Chiliens sont aujourd’hui confrontés au legs de Pinochet. La Constitution de 1980 est un véritable caillou dans les souliers vernis de la démocratie chilienne. Le peuple est engagé dans une lutte pour changer leur texte constitutionnel, qui devient un enjeu majeur du débat public.
Le Conseil central du Montréal métropolitain – CSN (CCMM-CSN) est reconnu comme une organisation syndicale militante, combative et solidaire, toujours présente au cœur des luttes politiques et sociales. Son influence sur la vie politique montréalaise et québécoise au cours du XXe siècle est indéniable et se poursuit aujourd’hui. Pour souligner son 100e anniversaire, nous proposons un rapide survol de son histoire [4].
L’art n’est pas un antre où pourraient se réfugier intégristes de tout poil ou amuseurs publics. Il s’agit plutôt d’une navigation, d’un entre-deux où circulent et dialoguent de multiples points d’ancrage. Navigation à haut risque comme celle d’Ulysse mais, malgré ses périls, elle seule peut arracher un peu de sens à ce qui ne serait qu’une « histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie, et qui ne signifie rien ».
L’artiste, donc, comme passeur de signes et de symboles. Rebelle aussi. Rebelle à tout ce qui emprisonne et mutile la vie. Alors qu’un nouveau cycle de luttes contre la mondialisation capitaliste semble s’être enclenché, de nombreux artistes ont repris le flambeau du refus. Qu’on songe, pour la France, au Massilia sound system, aux Fabulous troubadours, à Zebda et, enfin, à Gnawa diffusion. Fondé en 1992 à Grenoble par Amazigh Kateb, ce groupe distille une musique proprement universelle avec de profondes racines africaines et algériennes. Issue de la tradition gnawa, celle des chants des esclaves africains, cette musique fusionne les instruments traditionnels avec l’électricité. Propulsées par cet environnement sonore, les paroles des chansons de Gnawa diffusion sont comme de véritables missiles dirigés contre les crimes et les injustices perpétrés par les dominants à l’encontre de l’ensemble de la planète.
Entre le soleil de France, de Kingston et de Bab El Oued, Gnawa diffusion et Amazigh Kateb arpentent ainsi l’espace d’une liberté à créer, par-delà les frontières de styles ou de territoires. Une entrevue, donc, avec un homme libre [5].
De toutes parts, les gouvernements provinciaux et fédéral prétendent qu’une relation nouvelle se développe avec les peuples autochtones. Pourtant, malgré l’éloquence de leurs discours, ceux-ci ne se sont jamais engagés de leur propre gré à reconnaître les aspirations des Premières Nations à l’autonomie. Encore aujourd’hui, les gouvernements poursuivent l’entreprise coloniale visant à éteindre le statut d’autochtone.
Ellen Gabriel (aussi nommée Katsitsakwas) a été porte-parole de la communauté kanien’kehá:ka de Kanesatà:ke lors de ce qui est communément appelé la crise d’Oka de 1990, conflit qui perdure toujours [6]. Elle nous fait part de ses réflexions sur les perturbations, appelant les Québécois·es et Canadien·ne·s à cesser de tolérer la colonisation des territoires autochtones.
Evo Morales a été considéré comme populiste, de même que d’autres chefs d’États sud-américains, comme Hugo Chavez, et Rafael Correa. Comme eux, il a dénoncé l’élite et l’oligarchie, il s’est fait défenseur des classes populaires et des Autochtones. Après 14 ans au pouvoir, peut-on dire que son type de gouvernement a bien défendu sa population ?
Le film de Steve Patry nous fait pénétrer à l’intérieur des murs de Waseskun, l’un des neuf centres de guérison autochtones affiliés aux Services correctionnels du Canada et aux Services correctionnels du Québec et voués à la réinsertion sociale des « délinquants autochtones ». Il nous donne ainsi à voir le sentier de la guérison sur lequel s’engagent ces hommes à la fois souffrants et entiers.
Dites-leur que nous n’avons jamais cédé notre territoire, que nous ne l’avons jamais vendu, que nous ne l’avons jamais échangé, de même que nous n’avons jamais statué autrement en ce qui concerne notre territoire [7]. - César Newashish
Les Atikamekw Nehirowisiw ont proclamé le 8 septembre dernier leur Déclaration de souveraineté sur Nitaskinan, un vaste territoire de 80 000 km2 situé au nord de Trois-Rivières et englobant les communautés de Manawan, Opitciwan et Wemotaci. L’objectif de la nation atikamekw est de « maintenir et exercer sa gouvernance territoriale sur l’ensemble de Nitaskinan. Pour ce faire, Atikamekw Nehirowisiw a la volonté de faire de son peuple une instance politique et économique incontournable [8] ». Le grand chef de la nation atikamekw, Constant Awashish, a bien voulu partager avec nous ses réflexions sur cette Déclaration de souveraineté.
Abénaquis, Cris, Mohawks, Algonquins, Hurons-Wendat, Innus, Atikamekw, Malécites, Naskapis, Micmacs et Inuit. Onze nations sont présentes sur le territoire colonisé qu’on appelle le Québec. Onze nations et autant de langues, de cultures, de traditions et d’histoires. Et pourtant, combien d’entre nous sont capables de les nommer ? Le documentaire Le Peuple invisible de Richard Desjardins et Robert Monderie porte si bien son nom !
Pourtant, le territoire sur lequel nous vivons appartient aux (...)
Le numéro 54 d’À Bâbord (date de sortie : avril 2014) portera sur les résistances autochtones.
En attendant sa parution, nous avons décidé de publier ce texte envoyé par une lectrice, Marie Léger, en version électronique. Il a été présenté à l’événement « Résistance à la crise » de Mots et images de la résistance le 12 novembre dernier.
Le Kahnawake Youth Forum (KYF) a été créé en 2009 par le Conseil des Mohawks de Kahnawake. En 2013, il est devenu un organisme indépendant avec ses propres statuts et règlements. C’est un espace entièrement géré par de jeunes bénévoles qui s’adresse aux jeunes de la communauté âgés de 15 à 30 ans. À bâbord ! s’est entretenu avec Jessica Deer, la présidente par intérim de l’organisation.
À la fin du mois de novembre 2011, les Québécois, les Canadiens anglais et les membres des nations autochtones ont subitement appris que la cheffe du peuple cri de la région d’Attawapiskat, Theresa Spence, avait fait appel à la Croix-Rouge canadienne pour que des agents de cet organisme aident de nombreuses personnes de sa communauté à surmonter les problèmes majeurs de logement qu’elles éprouvaient durant une période de froid polaire (environ - 50 degrés Celsius).
Après Occupy Wall street, les indignéEs en Europe, les Printemps arabe et érable, c’est au tour des Autochtones de prendre la rue pour faire entendre leurs revendications. Idle no more a mis le feu à la prairie. Partout au pays, des actions sont menées en dehors des cadres traditionnels de revendications.
Retour en arrière. Au mois d’octobre 2012, en Saskatchewan, quatre femmes s’insurgent contre le projet de loi C-45 du gouvernement fédéral et initient le mouvement Idle No More. Rappelons, pour (...)
Selon un rapport d’Amnistie internationale publié en octobre 2004, au Canada, « les femmes autochtones âgées de vingt-cinq à quarante ans […] ont cinq fois plus de risques de mourir d’une mort violente que les autres femmes du même âge ». Un nombre inquiétant de cas d’agressions, de disparitions, ou de meurtres de femmes et de fillettes autochtones commis dans des grandes villes contribue à dissiper le mythe selon lequel ces femmes ne seraient victimes que des hommes de leurs propres communautés. (...)
Je ne suis pas Autochtone. J’ai bien une arrière-grand-mère micmac, mais celle-ci a épousé un Blanc et, pour cette raison, a dû couper tout contact avec sa famille, sa culture, sa langue, en renonçant à son statut d’Indienne, ainsi que le stipulait alors la Loi sur les Indiens. Cela a eu pour effet que tout un pan de ma mémoire familiale m’est interdit.
Aujourd’hui, le mouvement étant un peu moins présent dans les médias, on me demande souvent si Idle No More est encore actif. Et ma réponse est positive : malgré le désintérêt médiatique, Idle No More est effectivement toujours actif et je dirais même qu’il est mieux organisé qu’à ses débuts.
Les Amérindiens du Canada se retrouvent en prison dans une proportion aussi forte que celle des Noirs aux États-Unis. Les Amérindiens et les Inuits sont au bas de l’échelle sociale canadienne. Comment expliquer cette pauvreté, cette misère et cette délinquance massive ? Les racistes vont attribuer cette situation à des tares génétiques. Je pense plutôt qu’elle relève de facteurs historiques et sociaux.
Il ne faut pas mettre tous les autochtones dans le même sac. Les Inuits ne sont pas des Amérindiens et (...)
Dimanche 28 octobre. Au lendemain de la première projection du Peuple invisible, lors de la conférence de presse protocolaire avec les réalisateurs, Monderie et Desjardins sont flanqués de trois personnages du film, des Algonquins. Dans la salle, des journalistes… et deux douzaines d’Algonquins. Il faut dire que le film était attendu : la veille, plus d’une centaine d’Anishinaabes (« vrais hommes issus de cette terre ») étaient présents à la projection, manifestement émus de voir dévoiler leur Histoire (...)
Le territoire des Six Nations iroquoises de la rivière Grand, habité par 25 000 autochtones et situé près d’Hamilton en Ontario, a longtemps été connu comme le « géant endormi » des réserves au Canada. Toutefois, depuis le 28 février 2006, ce terme ne s’applique plus. Le peuple des Six Nations, mené principalement par des femmes, décidait ce jour-là d’occuper une parcelle de son territoire, Douglas Creek Estates, vendue à un promoteur immobilier sans que les Iroquois n’aient donné leur consentement ou n’aient même été consultés. Aujourd’hui, près d’un an plus tard, la revendication territoriale des Six Nations représente une avancée historique et politique dans l’histoire de la décolonisation de la terre appelée Canada. Le peuple des Six Nations et ses alliés ont agi avec détermination, non seulement au nom de leurs droits territoriaux, mais également au nom de leur droit à l’autonomie et à la souveraineté.
En 2014 et 2015, j’ai eu la chance de rencontrer des femmes de plusieurs communautés des Premières Nations afin de leur donner une formation en accompagnement à la naissance. Lors de ma première journée, le groupe m’écoute attentivement parler des droits des femmes, de la possibilité d’écrire un plan de naissance ou de choisir librement sa position d’accouchement. Leurs expériences contredisent pourtant ces droits élémentaires.
En décembre 2005, la crise du système démocratique bolivien aboutissait à l’élection du premier président indien du pays en la personne d’Evo Morales Ayma. Les revendications des mouvements populaires et autochtones se sont alors concentrées sur un point précis : convoquer une Assemblée constituante pour « refonder le pays » en mettant fin aux asymétries sociales et économiques. La Consti-tuante a siégé dans un contexte de blocage systématique par la droite conservatrice, représentée entre autres par le (...)
Le 11 juin 1981, le gouvernement du Québec envoie 500 agents de police dans la communauté de Listuguj [9], dans la Baie-des-Chaleurs. À l’occasion du 40e anniversaire de l’escarmouche à Restigouche [10], À bâbord ! revisite les événements et pousse la réflexion sur les conflits actuels avec l’ethnologue Pascal Huot. Propos recueillis par Miriam Hatabi.
1 032 365 Québécois·es sont issu·e·s des minorités visibles et 182 885 Québécois·es sont autochtones selon le dernier recensement de 2016. Cela représente près de 13 % de la population québécoise pour les minorités visibles et 2,3 % pour les Autochtones.
Lhasa de Sela, la superbe Llorona, vient de nous offrir un deuxième album en espagnol, français et anglais, nous livrant ainsi une autre partie de son univers magique. Après des années passées à faire de la chanson, du jazz et de la musique du monde dans les bars et cabarets de Montréal, Lhasa a sorti un premier album en 1997. Depuis, des tournées au Québec, aux États-Unis et en Europe ont porté sa voix et sa musique envoûtantes qui ont séduit le public. Cette citoyenne et musicienne du monde, née d’une mère étasunienne et d’un père mexicain, a partagé avec nous quelques réflexions et expériences à l’aube de sa nouvelle tournée.
Dans l’État mexicain de Puebla, au cœur de la Sierra Nororiental, des sociétés d’énergie tentent d’harnacher d’importantes rivières à travers plusieurs projets de barrages hydroélectriques, au détriment des populations locales. Mais la résistance s’organise et les victoires s’accumulent.
Depuis des centaines d’années, les peuples autochtones protègent leurs territoires, maintiennent et gardent dynamiques leurs langues, leurs traditions et leurs cultures, et tentent d’avoir des rapports justes et équitables avec les Canadien·ne·s. Or, ces efforts passent souvent inaperçus, et sont même ignorés, jusqu’à ce que se produisent l’étincelle, le point de paroxysme ou la crise
La musique hip-hop, souvent appelée à tort rap, occupe une part importante de la production musicale mondiale. La culture hip-hop est née dans les années 1970 dans un contexte social difficile pour la communauté noire étatsunienne. Est-ce que cette musique est toujours émancipatrice ou est-elle un exemple supplémentaire de récupération commerciale ?
On ne fête pas les sixièmes anniversaires. C’est que le chiffre « six » est difficile à situer et ne s’intègre pas dans la cadence régulière des multiples de « cinq ». Par contre, il vaut la peine de rappeler les six ans d’un non-événement, l’élimination d’un des bijoux de notre patrimoine québécois, l’excellente Chaîne culturelle de Radio-Canada, remplacée par l’insipide Espace musique. Une pareille désolation mérite d’être rappelée à tous les ans.
En 2004, en territoire mohawk à Kanawake, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et Femmes autochtones du Québec (FAQ) signaient un protocole de solidarité qui inspire toujours les relations entre les deux organisations. Pour mieux comprendre les origines de ce processus et les leçons à en tirer, À bâbord ! a rencontré Michèle Asselin, présidente de la FFQ à cette époque.
Au cours des six dernières années, mes travaux de recherche se sont centrés sur la question de la réindigénisation. Mon intérêt pour ce sujet n’a pas été soudain ; il a plutôt été le résultat d’un long processus composé de prises de conscience sur des moments qui ont émaillé mon enfance indienne, de confrontations avec la perpétuelle exploitation coloniale et, enfin, d’un féroce engagement dans la résistance.
Qu’est-ce qu’une nation ?
Groupe d’humains assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unicité et la volonté de vivre en commun. Source : Dictionnaire Le Robert méthodique.
Cette définition du Robert décrit bien la réalité de la province du Québec, car les nations autochtones et la nation québécoise veulent être reconnues comme des sociétés distinctes et désirent développer des relations de partenariat entre elles dans un respect mutuel des différences. Somme toute, c’est ce que les politiciens (...)
Le Forum social des Amériques (FSA) a tenu sa troisième édition au Guatemala du 7 au 12 octobre 2008. Bien que chaque édition reprenne le discours général des Forums sociaux, elles ajoutent leur couleur particulière. Des éléments fortement récurrents aident à dresser un portrait des questions traversant les différentes tendances qui y participent.
Le choc provoqué sur la société mexicaine par le soulèvement zapatiste du premier janvier 1994 est bien celui d’un tremblement de terre. Pas une « petite secousse » mais un de ces vrais tremblements de terre dont ce pays de volcans a une longue expérience. Ils ébranlent les fondations des édifices mêmes les plus solides. Souvent, les lézardes n’apparaîtront que progressivement : c’est des années plus tard qu’on réalisera qu’il faut démolir et reconstruire à neuf.
En 2020, on soulignera le 30e anniversaire de la descente policière qui a eu lieu lors d’une fête privée surnommée « Sex Garage ». Cette soirée rassemblait des membres de la communauté LGBTQ+ et fut ruinée par une intervention policière musclée et parsemée de propos homophobes. D’autres arrestations eurent lieu lors de manifestations qui suivirent cette intervention policière. Ces événements de l’été 1990 ont été déterminants dans l’obtention de véritables gains juridiques et sociaux pour les membres de la communauté LGBTQ+.
J’ai grandi dans Noranda, près de la Fonderie Horne, dans les années 1980. J’y ai connu des jeunes de mon âge avec des noms comme Simbirski et Wigorski. Je demandais : « D’où ça vient un nom de famille en -ski ? » De Pologne, me répondait-on. Certaines personnes âgées les affublaient de la dénomination de « Fros », une contraction du mot anglais foreigner, qui signifie étranger.
La Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés a été adoptée le 25 juillet 1951. Son article 1 précise d’abord qui est réfugié : « toute personne qui (…), craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».
La Convention dicte (...)
Récemment, un politicien ratoureux a créé un slogan publicitaire pour détourner l’attention du peuple de ses turpitudes : le Plan Nord.
Le Plan Nord n’existe pas et n’a jamais existé. Ni pour les Premières Nations, ni pour les Québécois. Ce qui existe depuis la flambée internationale des prix des métaux, c’est la ruée vers les gisements miniers du Nord et du moyen Nord du Québec d’un essaim de rapaces qui veulent les exploiter tous azimuts. Le politicien a flairé la bonne affaire et a lancé son Plan Nord. Il s’est promené un peu partout pour annoncer le Plan du futur. Tout le monde a analysé, soupesé, vanté, critiqué et au final avalé la couleuvre. On a fait des colloques. On a fait des éditoriaux. On a fait numéros spéciaux de revue...
Depuis le 18 octobre 2019, le Chili néolibéral du président Piñera est entré en crise, en proie à une vaste rébellion populaire touchant le pays entier. En ce début de novembre 2019, les blocages sont partout, laissant voir que se joue un véritable bras de fer politique entre forces sociales irréductiblement opposées.
Quelles sont les chances que les enfants de nos premier·ère·s ministres, maire·sse·s, et député·e·s se retrouvent en prison ? Si les enfants de nos élu·e·s étaient régulièrement emprisonné·e·s, tabassé·e·s, harcelé·e·s ou tué·e·s par la police, ne seraient-ils et elles pas disposé·e·s à trouver de vraies alternatives aux systèmes policier et carcéral ?
La nouvelle ne pouvait pas tomber à un meilleur moment. Si vos REÉR ont fondu, si votre courtier s’appelle Vincent Lacroix ou Bernard Madoff, ne vous en faites pas trop, car vos souffrances seront de courte durée : avec leur sagesse séculaire, les Mayas ont prévu la fin du monde pour le 21 décembre 2012. Je laisse à d’autres le soin d’analyser pourquoi certaines sociétés, à certaines périodes, sont particulièrement friandes de telles nouvelles pour m’intéresser à l’idée de « fin du monde » chez les Mayas d’hier et d’aujourd’hui.
Ottawa s’apprête à donner le feu vert à un projet colossal qui transformera l’Arctique en un chantier géant et en profite pour faire des gâteries aux richissimes pétrolières. État des lieux d’une catastrophe sociale et environnementale en préparation.
Les musicien·e·s se sont toujours inspiré·e·s les uns des autres. Comme tous les artistes d’ailleurs. Et personne n’y voyait de mal, sauf en de rares exceptions. Depuis quelques années, ces emprunts sont de plus en plus judiciarisés. « Touche pas à ma chanson ! », pourrait-on dire. Sinon il faudra payer cher.
Dans leurs livres récemment publiés, Catherine Mavrikakis et Valérie Lefebvre-Faucher esquissent des portraits de femmes on ne peut plus contrastés. La première décrit la condition d’une femme de la petite bourgeoisie dont le destin se déroule sous le signe d’un ennui profond, de nature quasi ontologique. La seconde évoque celui des femmes de la maison Marx, marqué par la lutte, aspect longtemps négligé par les historiographes de la famille au profit de la célèbre figure paternelle.
Juste avant de prendre le large, Rémi avait été frappé par l’oubli. Pourtant, la plus grande partie de sa vie d’anthropologue avait été vouée à la mémoire. Dans la cave de sa maison près de la rue Beaubien, comme un moine, il compilait les histoires anciennes et les légendes recueillies auprès des Innus de la Côte-Nord et traduites pour la plupart par la poète innue Joséphine Bacon.
Un an après son annonce par Jean Charest, la seule caractéristique certaine du « Plan Nord » est l’immensité du territoire ciblé. Ce « Plan » s’appliquerait à tout ce qui se trouve au nord du 49e parallèle, soit 70 % du Québec. Pour le reste, les observateurs remarquent que, depuis un an, le premier ministre reste vague et ambigu, y compris dans ses relations avec les Premières Nations.
L’intensification des investissements étrangers au cœur de la mondialisation néolibérale a entraîné la multiplication des chantiers d’exploitation des ressources naturelles en Amérique latine. Écorchant les territoires du continent, ces projets sont reconnus pour leurs effets destructifs sur le milieu naturel et les impacts qu’ils génèrent pour les populations vivant sur les terres exploitées. Bien que quelques gouvernements progressistes de la région aient recours à des instruments politiques tels la (...)
Alors que la course au pôle précipite la militarisation de l’Arctique, les populations nordiques canadiennes restent tenues à l’écart du débat. C’est comme si on réglait la souveraineté du Québec sans les Québécoises.
Premier titulaire du ministère de l’Éducation, porteur d’un modèle d’éducation accessible, gratuit et public, Paul Gérin-Lajoie est décédé en juin dernier à l’âge de 98 ans. C’est l’un des pères de la réforme du système éducatif québécois qui disparaît alors que de nombreuses questions se posent encore aujourd’hui sur cette mission fondamentale de l’État.
Les États-uniens forment moins de 5 % de la population de la planète. Ils utilisent pourtant 40 % de l’énergie. Il est certain, à ce taux, que le reste de la planète ne peut envisager un développement à l’étasunienne et que d’autres modèles vont devoir émerger. Or, le président Bush déclare que le mode de vie des États-uniens n’est pas négociable, ce qui constitue une déclaration de guerre énergétique à la planète entière. Les sources de ce 40 % d’énergie dépassent, pour le moment, largement les frontières (...)
Les barricades de Fairy Creek, érigées à l’ouest de Victoria en Colombie-Britannique, sont maintenues par des militant·e·s écologistes allochtones et autochtones depuis août 2020. Ils et elles s’opposent à l’exploitation forestière destructrice qui est en cours dans ces dernières forêts anciennes de la province, menaçant leurs complexes écosystèmes. Les militant·e·s font face à une brutalité policière de plus en plus vive.
Dans un contexte de remise en question du système alimentaire québécois, l’approche écoféministe offre des perspectives radicales pour repenser notre rapport à la Terre. Or, qu’est-ce que l’écoféminisme et pourquoi est-ce important ?
Élue depuis moins d’un an, la jeune députée de Québec solidaire (27 ans) a pris la mesure de sa fonction. « J’arrive à bien marcher avec ces grands souliers, dit-elle. J’ai progressivement découvert le travail de députée au quotidien, en région et à l’Assemblée nationale à Québec. » Mines, environnement, agriculture, services publics, culture, relations avec les Autochtones… nous avons passé en revue avec elle les grands dossiers qui l’occupent à l’occasion de la parution d’un numéro d’À bâbord ! consacré à l’Abitibi-Témiscamingue.
À l’été 2015, la journaliste Emmanuelle Walter a eu le bonheur de faire la route de la Baie-James avec le député néo-démocrate Romeo Saganash. De son expérience, elle en a tiré un livre, Le centre du monde – une virée en Eeyou Istchee Baie-James avec Romeo Saganash, qui nous instruit sur la réalité des Cris du Québec.
Le 20e anniversaire de la soi-disant crise d’Oka a permis de constater jusqu’à quel point la perception de ces événements n’avait pas évolué depuis 1990. Les grands médias ont pour la plupart fait porter la responsabilité des affrontements sur la présence de guerriers armés sur le territoire mohawk de Kanehsatake [11], en ne mentionnant même pas que la grande majorité des personnes arrêtées à la fin de la crise ont par la suite été acquittées des accusations portées à leur égard. Au mieux, se sont-ils également permis de critiquer l’irresponsabilité de l’ex-maire d’Oka, Jean Ouellette, qui était prêt à tout pour permettre l’agrandissement d’un terrain de golf et le développement d’une cinquantaine de résidences de luxe dans la pinède de Kanehsatake. Bien peu se sont par contre interrogés sur les causes profondes de ces événements.
Le samedi 7 février 2009, le président bolivien, Evo Morales Ayma, d’origine ayamara, promulguait la nouvelle Constitution politique de l’État, en présence de Rigoberta Menchu (Guatémaltèque et prix Nobel de la paix en 1992), du Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), José Miguel Insulza, des forces armées, de la marine, de la police, de représentants de la nation bolivienne, de ses 36 peuples indigènes d’origine [12] et de plusieurs pays d’Amérique centrale et du Sud. Environ un million de personnes ont participé et assisté à cette cérémonie imprégnée de dignité et de fierté, celles de créer un nouveau pays par cette Constitution.
Le 1er janvier 1994 au petit matin, l’élite mexicaine s’est réveillée brutalement, tirée du lit par un cri venu des montagnes lointaines du Chiapas : ¡ ya basta ! (ça suffit !). La veille au soir, le gouvernement, les possédants et les intellectuels de marché se soûlaient de champagne et de discours triomphants : on célébrait l’entrée en vigueur de l’ALENA. Mais voilà, gueule de bois : là-bas, dans les montagnes du Sud-est mexicain, sous la bannière jusqu’alors inconnue de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), des milliers de paysans et d’Indiens en armes occupaient cinq villes, déclaraient la guerre à l’armée mexicaine et exigeaient la destitution immédiate du président usurpateur Carlos Salinas de Gortari.
Elles ont failli ne pas avoir lieu ces élections, tenues en décembre 2005 alors qu’elles étaient prévues pour juin 2007. Rappelons qu’elles constituaient, à la suite de la paralysie du pays en juin dernier, la seule porte de sortie devant un parlement discrédité, un président démissionnaire et, surtout, en regard d’une polarisation croissante de la société bolivienne.
L’actualité récente jette un éclairage brut sur le traitement parfois cruel que réserve le Canada aux personnes nées à l’étranger et nous offre de nombreuses occasions de méditer les paroles de Niemöller. La saga des Algériens sans-statut, les Palestiniens en instance de déportation vers un pays occupé, l’utilisation d’un certificat de sécurité pour justifier la détention du Marocain Adil Charkaoui, l’ignominieuse proscription de Fatima Marhfoul, l’expulsion programmée des Basques Eduardo et Gorka : autant de (...)
Devant des sénateurs repus et des députés suffisants, la comandante Ester l’a exprimé de façon magistrale alors qu’elle parlait au nom des Indiens rebelles du Mexique : « nous sommes égaux parce que nous sommes différents ». L’idéal d’égalité dans la diversité s’exprime aujourd’hui avec force dans la musique de nombreuses formations de l’Hexagone qui, tout en revendiquant une identité propre (maghrébine, occitane ou autre), pimentent sans retenue la chanson française avec du reggae, du ska, du rap et du raï. (...)