Mini-dossier : Jean-Marc Piotte (…)

Présentation du mini-dossier

Jean-Marc Piotte à 80 ans

Coordonné par Jean-Pierre Couture et Philippe de Grosbois

Jean-Pierre Couture, Philippe de Grosbois

Professeur, essayiste, syndicaliste et militant de gauche, Jean-Marc Piotte (né en 1940) a marqué le paysage intellectuel québécois depuis la fondation de Parti pris en 1963. Membre du collectif d’À bâbord ! durant près de 10 ans, il s’était joint à la revue au moment de sa retraite. Il y a tenu une chronique intitulée « Gagner sa vie sans la perdre », qui portait un regard critique sur le monde du travail contemporain. L’esprit de cette chronique a été repris ensuite par feue Léa Fontaine.

Diplômé de philosophie et de sociologie, Piotte fait un doctorat à la Sorbonne sous la supervision de Lucien Goldmann. Il se consacre à l’étude d’Antonio Gramsci et publie une introduction substantielle aux travaux du marxiste italien. Embauché par l’Université du Québec à Montréal (UQAM), il rejoint le département de science politique où il fera toute sa carrière professorale (1971-2003). Malgré ses réticences initiales, Piotte devient président (1971-1972) du Syndicat des professeurs de l’UQAM.

Au lendemain de la crise d’Octobre, le syndicalisme québécois jouit du meilleur rapport de force de son histoire, notamment en raison du front commun intersyndical de 1972 entre les grandes centrales (CSN, CEQ, FTQ). Piotte joue sur plusieurs scènes : il collabore avec le cinéaste Gilles Groulx au film coup-de-poing 24 heures ou plus ; il alimente la réflexion syndicale par quelques écrits sur le « syndicalisme de combat » ; il enseigne le marxisme qu’il contribue à introduire au Québec.

Définisseur de situation, il intervient pour partager ses vues sur les tâches qui sont appelées par la conjoncture. C’est d’ailleurs pour tracer une voie tierce entre la contre-culture de Mainmise et l’adhésion au nationalisme du Parti québécois qu’il fonde, avec Céline Saint-Pierre et Patrick Straram, la revue Chroniques (1975-1978).

Le marxisme demeure chez lui un outil par lequel « tout phénomène social doit être compris dans son historicité, dans ses contradictions  », mais il n’est plus un modèle révolutionnaire. Piotte expose ses doutes et ses espoirs non pas pour être imité, mais pour susciter, chez celui et celle qui le lisent, ce même exercice de pensée autonome. Enchanté par la grande grève étudiante de 2012 et la prestance de Québec solidaire, le professeur retraité fait l’éloge d’une lutte qui « n’était pas portée pas des revendications nationalistes, mais par des revendications sociales qui débouchaient sur une remise en question de l’État néolibéral [1] ». Après lui, non pas le déluge, mais bien la joie de voir accompli le miracle de la transmission.

Principaux ouvrages de Jean-Marc Piotte

La pensée politique de Gramsci, Lux, 2021[1970].
Le syndicalisme de combat, éd. Saint-Martin, 1977
Marxisme et pays socialistes, VLB, 1979
La communauté perdue, VLB, 1987
Les grands penseurs du monde occidental, Fides, 1997
Du combat au partenariat. Interventions critiques sur le syndicalisme québécois, Nota Bene, 1998.
Démocratie des urnes et démocratie de la rue, Québec Amérique, 2013

 

Textes parus dans À bâbord ! ici.


[1Jean-Pierre Couture, « Le rôle de l’intellectuel, c’est d’être critique » : entretien avec Jean-Marc Piotte », Spirale, no 246, automne 2013, p. 56-60.

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