Agir ensemble : penser la démocratie syndicale

No 71 - oct. / nov. 2017

Christian Nadeau

Agir ensemble : penser la démocratie syndicale

Isabelle Bouchard

Christian Nadeau, Agir ensemble. Penser la démocratie syndicale, Montréal, Somme toute, 2017, 88 p.

Pour Christian Nadeau, il y a urgence de (re)donner aux structures syndicales un caractère radicalement démocratique. C’est à force de fréquenter le monde syndical comme conférencier invité que le philosophe a eu envie de mettre en relief, dans ce court exposé critique, les quatre principales menaces internes qui rongent ce levier politique que doit être et demeurer le syndicalisme. C’est parce que les syndicats peuvent avoir une influence sur les institutions qu’il est urgent de les rendre plus démocratiques, affirme l’auteur, pour qui nos démocraties contemporaines sont en pleine crise. Le syndicalisme peut servir de modèle, d’exemple dans toutes les sphères de la vie humaine pour autant qu’il exerce une autocritique de son mode de fonctionnement.

Sans surprise, le philosophe identifie le réflexe quasi systématique à judiciariser les relations de travail comme premier obstacle à la réalisation de la mission démocratique de syndicats. Pour l’auteur, cette tendance a pour effet de reléguer au second rang la politisation des enjeux, en plus de valoriser une connaissance technique difficilement accessible aux membres. Le duo du clientélisme et du maraudage représente le second obstacle à la politisation syndicale. Selon Nadeau, cette attitude conduit les organisations syndicales à se définir comme des entreprises et non comme des collectivités et les syndiqué·e·s à se percevoir non pas comme des membres de ces collectivités, mais comme des client·e·s à qui on offre des services. Le phénomène de la professionnalisation du syndicalisme constitue le troisième obstacle dans la mesure où il déresponsabilise les membres de la base qui font (trop) confiance aux experts syndicaux. Finalement, c’est le mode de fonctionnement autoritaire du syndicalisme qui est identifié comme un obstacle. L’auteur donne comme exemple le recours au code Morin qui impose des règles aux débats dans les instances laissant peu de souplesse à la véritable délibération collective.

Suite à cette analyse, le philosophe propose quelques pistes d’actions pour stimuler la vie syndicale afin de lui (ré)insuffler une saveur participative et démocratique que certain·e·s trouveront trop radicales, pas assez ou déjà mises en œuvre dans des organisations locales ou nationales. Ainsi sont proposés : le débat public, le jury citoyen, le sondage délibératif ou le budget collaboratif.

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