Le pape François et les indignés
Le nouveau pape serait simple, humble et sobre. Je n’en doute pas et j’apprécie ses vertus.
Ce pape n’aurait pas désiré cette lourde charge, tandis que Mgr Ouellet affirme ne pas être déçu de ne pas avoir été élu. Mais, pour devenir cardinal, il faut, hier comme aujourd’hui, être ambitieux et aimer le pouvoir. Pourquoi serait-ce différent pour le poste de chef suprême des catholiques ?
Le pape François serait près des pauvres pour lesquels il manifeste de la compassion. La charité est une des trois vertus principales du christianisme et certains de ceux qui se sont consacrés à Dieu se sont également dévoués pour les laissés-pour-compte et les démunis. La sœur Helen Prejean, qui a accompagné des détenus condamnés à la peine capitale, en est un exemple vivant comme le montre Dead Man Walking. J’admire ces chrétiens qui incarnent quotidiennement la charité qu’ils professent.
Mais cette attitude charitable ferait-elle de « François 1er » le pape des indignés comme l’affirme Gilles Routhier, recteur de la faculté de théologie de l’Université Laval (La Presse, samedi 16 mars 2013) ? Je ne le pense pas. Il faut distinguer la morale de la politique. Les seuls catholiques qui ont lutté politiquement contre la pauvreté étaient les disciples de la théologie de la libération combattus par Mgr Ouellet, Mgr Bergoglio et la plupart des hiérarques de l’Église. Comme le pape Pie XII qui n’a pas condamné l’holocauste, la hiérarchie catholique argentine s’est tue lorsque la dictature militaire a tué des milliers de militants et donné en adoption les bébés nés de militantes emprisonnées (1976-1983). Il ne faut pas s’en étonner : l’Église, depuis qu’elle est devenue la religion officielle de l’Empire romain, a toujours été liée au pouvoir économique et politique dominant.
Il faut également distinguer la lutte politique pour la justice sociale de la lutte politique pour l’émancipation sexuelle des individus, même si les hautes sphères de l’Église s’opposent à l’une et à l’autre. La plupart des théologiens de la libération n’étaient pas non plus des adeptes de la libéralisation de la sexualité. Il faut regarder chez les communautés religieuses de sœurs qui, aux États-Unis entre autres, questionnent leur assujettissement aux mâles et, à travers cette remise en question, critiquent une morale sexuelle qui opprime particulièrement les femmes.