L’hydre mondiale. L’oligopole bancaire

No 64 - avril / mai 2016

François Morin

L’hydre mondiale. L’oligopole bancaire

Claude Vaillancourt

L’hydre mondiale. L’oligopole bancaire, François Morin, Montréal, Lux éditeur, 2015, 168 p.

François Morin, économiste et auteur entre autres d’un essai très pertinent sur la dictature financière, Le nouveau mur de l’argent (Seuil, 2006), présente avec efficacité l’oligopole des grandes banques. Celui-ci est composé de 28 banques qualifiées de « systémiques », dont 11 enco­re plus puissantes que les autres. La quasi-totalité est étatsunienne ou européenne (deux sont japonaises, une est chinoise, et elles ne se classent pas parmi les 11 premières). Bien que la Banque Royale du Canada se rapproche de ce cartel, aucune banque canadienne n’en fait partie.

Ces banques se distinguent par leur taille « surdimensionnelle » ; lors de la dernière crise, on les a d’ailleurs qualifiées de « too big to fail » : trop impor­tantes pour faire faillite. Elles sont aussi profondément interconnectées et poursuivent les mêmes intérêts, ce qui les rend encore plus gigantesques et puissantes. Avec rigueur, appuyé par des sources nombreuses et fiables, François Morin montre bien que leur domination leur donne la « capa­cité réelle de déstabiliser la planète entière par ses dérives ». Ce qu’elles ont fait pendant la crise de 2007-2008, que l’auteur analyse avec soin. Une seconde catastrophe, pire que celle-ci, reste selon lui envisageable.

Pourtant les solutions pour mettre fin à cet oligopole dangereux existent. Il faudrait, par exemple, créer une monnaie commune – mais pas unique –, qui briserait l’hégémonie du dollar américain et serait à l’abri du contrôle absolu des banques. Il est tout aussi nécessaire de stopper l’expansion des produits dérivés et de les éliminer progressivement par la suite. Ces mesures audacieuses, difficiles à impo­ser, transformeraient radicalement, et pour le bien de tous, le capitalisme tel qu’on le connaît.

Le petit livre de François Morin se distingue par sa grande pertinence. Le portrait de l’oligopole bancaire est précis, très bien esquissé. Il n’est pas évident de s’attaquer à de pareils monstres que sont ces banques systémiques. Il faut donc revenir aux bases d’un système économique qui a pris de l’ampleur ces 30 dernières années et qui, sous le prétexte de favoriser un marché libre, le rend en fait prisonnier des décisions d’une oligarchie qu’il ne faut surtout pas cesser de dénoncer.

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