Sauver la ville : Projet Montréal et le défi de transformer une métropole moderne

No 91 - Printemps 2022

Daniel Sangler

Sauver la ville : Projet Montréal et le défi de transformer une métropole moderne

Pascal Bouchard

Daniel Sangler, Sauver la ville : Projet Montréal et le défi de transformer une métropole moderne, Écosociété, 2021, 504 pages.

Dans Sauver la ville, Daniel Sanger nous raconte le parcours fulgurant d’un parti fondé au début des années 2000 qui, quinze ans plus tard, célébrait la victoire de Valérie Plante comme mairesse de Montréal. L’auteur, ancien journaliste puis stratège de Projet Montréal, renoue avec l’écriture après un hiatus politique de près de dix ans. L’ouvrage, appuyé sur de multiples entrevues et nourri par l’expérience de première main de Sanger, nous raconte le mariage improbable d’un petit groupe de citoyen·nes souhaitant une consultation sur la piétonnisation de l’avenue Mont-Royal et d’un fonctionnaire (l’éventuel chef Richard Bergeron) fou de tramways et d’urbanisme.

Au fil des pages, le récit relate les événements en proposant des anecdotes intéressantes. Sanger ayant été chef de cabinet pour Luc Ferrandez, les sections concernant les élections et la gouvernance dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal sont particulièrement étoffées. On y apprend l’existence d’un fichier Excel recensant toutes les actions « coin de rue par coin de rue  » prévues après l’élection, ou encore la déclaration de Ferrandez, prenant plaisir à son image de révolutionnaire relayée par les critiques médiatiques virulentes, lançant à des fonctionnaires, dans un mélange de sérieux et de blague : « maintenant le Plateau, c’est Cuba et (…) moi, je suis Castro ».

Les chapitres sur la succession de Bergeron à la tête du parti sont également captivants, revenant sur l’acrimonieuse course à la chefferie entre Valérie Plante et Guillaume Lavoie (défait de justesse), la fracture interne qui s’en suit, et l’espoir latent d’un Lavoie attendant des défections massives au sein du caucus.

On se voit offrir une lecture passionnante et vivante, racontant la montée de Projet Montréal comme force politique, ses réussites et ses défis à venir. D’un parti axé sur les grands projets comme le tramway sous Bergeron, Projet Montréal est aujourd’hui beaucoup plus devenu le reflet de Ferrandez, avec une vision davantage basée sur la vie de quartier.

Malgré le statut d’insider de l’auteur, on reconnaît la rigueur de l’ouvrage, qui se lit comme un récit captivant et non pas comme un simple point de vue partisan, sans critique des acteur·trices en présence.

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