Nouveaux regards sur l’histoire autochtone

No 69 - avril / mai 2017

Recherches amérindiennes du Québec

Nouveaux regards sur l’histoire autochtone

Gérald McKenzie

« Nouveaux regards sur l’histoire autochtone », Recherches amérindiennes du Québec, Vol. 46, no 1, 2016, 112 pages.

La revue Recherches amérindiennes au Québec (RAQ) a été fondée en 1970 dans le contexte, entre autres, de la « renaissance » des luttes autochtones et du projet hydroélectrique de la Baie-James.

Autour de RAQ, une grappe de chercheurs·euses, de militant·e·s des droits autochtones et de leaders des Premières Nations se rencontraient, partageaient leurs recherches, organisaient des colloques, des tournées, suivant de près les conflits : négociations menant à la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, « guerre du saumon » à Sept-Îles et Listigush, crise d’Oka (RAQ sortira d’ailleurs, dans les mois suivants, un numéro spécial sur les Mohawks). Au programme : renversement des points de vue en histoire, critique des savoirs dominants, prise en compte des droits territoriaux et ancestraux, des écrits des autochtones et de la tradition orale.

Les études amérindiennes et inuites changeront nos perceptions des Autochtones et des Inuits de même que nos rapports avec les Premières Nations, notamment avec L’image de l’Amérindien dans les manuels scolaires (1979) de Sylvie Vincent (directrice de RAQ) et Bernard Arcand, Le pays renversé (1991) de Denys Delâge et Les enfants d’Aataentsic (1991) sur les Hurons.

Le dernier numéro de RAQ, « Nouveaux regards sur l’histoire autochtone » se veut entre autres une mise en perspective de l’image véhiculée par les « identitaires conservateurs ». L’identité telle que définie par ce courant est une construction trompeuse. Les deux histoires convergent et divergent, et leurs interprétations sont bien documentées. Brian Gettler évoque les recherches sur le rapport entre la montée de l’ordre libéral et les « idées et pratiques d’origine britannique » et leurs conséquences sur le développement des sociétés canadiennes-françaises et autochtones. La Conquête modifia de plus les rapports de genre de manière notable.

Enfin, la question du territoire : « Comment peut-on prétendre à une histoire politique du Québec sans analyser le processus menant à l’association apparemment naturelle et évidente des Québécois avec le territoire national et […] la suppression d’une telle association chez les Autochtones. »

Charland et Inksetter examinent quant à eux les « pratiques linguistiques autochtones qui s’avèrent une source historique très riche ». Le texte d’Amanda Ricci fait état des débats et des positions stratégiques au sein de l’Association des Femmes autochtones du Québec et leurs liens avec la Fédération des femmes du Québec. Finalement, en examinant l’implantation du Conseil de bande de Mashteuiatsh, Beaulieu et Béreau montrent que les Innus « adoptent » cette institution « comme un nouvel outil pour faire valoir leurs droits auprès de l’État canadien », relativisant les critiques presque consensuelles de cette institution coloniale.

Recherches amérindiennes au Québec, qui paraît trois fois par année, a publié au-delà de cinquante titres dans ses diverses collections, dont Carcajou à l’aurore du monde : fragments écrits d’une encyclopédie orale innue de Rémi Savard, Les Algonquins de Trois-Rivières et L’Amérindien dans la lorgnette des juges, parmi tant d’autres. Dans la collection audiovisuelle, nous recommandons deux documents à voir : Rémi Savard anthropologue et Les 7 vies de Laurent Girouard.

Thèmes de recherche Nations autochtones, Livres, Histoire
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