Le droit du plus fort. Nos dommages, leurs intérêts

No 79 - avril / mai 2019

Anne-Marie Voisard

Le droit du plus fort. Nos dommages, leurs intérêts

Xavier P.-Laberge

Anne-Marie Voisard, Le droit du plus fort. Nos dommages, leurs intérêts, Montréal, Écosociété, 2018, 344 pages.

Il y a maintenant 10 ans était publié le livre Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, d’Alain Deneault, William Sacher et Delphine Abadie. Cet ouvrage relatait des faits et des événements survenus en Afrique par des minières enregistrées au Canada. Si les auteur·e·s n’ont fait que répéter et regrouper d’autres recherches et rapports d’organisations non gouvernementales, gouvernementales et de l’Organisation des Nations unies, les compagnies minières Barrick Gold et Banro Corporation ont poursuivi les auteur·e·s et les Éditions Écosociété pour 11 millions de dollars. Cette poursuite a soulevé les passions d’une partie considérable de la société. Le mécontentement populaire a mené à une loi contre les poursuites-bâillons à l’Assemblée nationale.

Le droit du plus fort, essai d’Anne-Marie Voisard qui était aux premières loges des événements qui ont suivi la poursuite qui mena au retrait de Noir Canada des librairies, est un solide livre sur les défaillances du droit et de son utilisation par les plus riches pour faire plier la contestation. Le dispositif judiciaire ne sert pas la justice sociale, mais est plutôt utilisé pour réaffirmer les rapports de domination de notre société. L’ouvrage est une réflexion critique à propos des dérives du système de justice. Pour ce faire, elle colle aux événements de la poursuite et elle fait plusieurs liens avec Le procès de Franz Kafka. De plus, le livre est merveilleusement bien écrit et est d’une grande fluidité. Il est à espérer que ce soit le premier de nombreux essais pour cette auteure spécialiste de la sociologie critique du droit.

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