Le « partenariat social » – Sommet socio-économique de 1996, syndicats et groupes populaires

No 55 - été 2014

Ghislaine Raymond

Le « partenariat social » – Sommet socio-économique de 1996, syndicats et groupes populaires

Audrey Laurin-Lamothe

Le « partenariat social » – Sommet socio-économique de 1996, syndicats et groupes populaires, Ghislaine Raymond, Montréal, M éditeur, 2013, 182 p.

S’appuyant sur un mémoire de maîtrise en sciences politiques et une importante expérience du milieu syndical, l’auteure recense les événements récents des relations entre syndicats et l’État québécois en leur donnant comme trame inter­prétative contemporaine le « partenariat social ». Cette vision normative des pratiques revendicatrices syndicales s’est imposée sur celle qui prédominait dans les décennies anté­rieures, et qui reposait sur le postulat selon lequel les syndicats et le patronat avaient un rapport essentiellement antagoniste (ou rapport capital-travail).

Devant les transformations économiques induites par la globalisation, les syndicats québécois ont choisi la position défen­sive et corporatiste de repli au niveau national et sectoriel au détriment des travailleuses et travailleurs d’autres pays, plutôt que de bâtir de nouvelles alliances avec les mouvements issus de la société civile. Cette position s’est reflétée, en outre, dans leur soumission aux impératifs de productivité, leur recul de combativité face aux lois spéciales et leur combat pour une politique de plein emploi. À ce titre, l’auteure insiste sur le tournant que marque la Conférence sur le devenir social et économique du Québec en 1996, instituée par les trois centrales syndicales et le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard qui s’entendent pour un « assainissement des finances publiques », qui devrait passer par une réorganisation du travail de manière à accroître l’efficience par la productivité et la compétition entre organisations publiques ou privées. La Conférence donnera lieu à de nombreux chantiers de travail et au Sommet socio-écono­mique la même année, qui a confirmé ce que tout le monde pressentait : une diminution de l’apport fiscal des entreprises, une augmentation de leurs subventions et une absen­ce de garantie quelconque dans la création d’emploi. Les exercices de partenariat entrepris durant les années 1990 en tant que mécanismes de concertation ont permis au gouvernement d’acpartenariat entrepris durant les années 1990 en tant que mécanismes de concertation ont permis au gouvernement d’accroître l’adhésion des centrales syndicales à la vision patro­nale du développement économique et social du Québec, court-circuitant ainsi les instances intra-syndicales dans l’élaboration des priorités et des revendications.

Ce livre offre sans complaisance une excellente vue d’ensemble des mutations qui ont animé les organisations syndicales dans les années 1990. Sur le plan des connaissances empiriques, il constitue un apport indéniable à la thèse de Rolande Pinard (La révolution du travail – De l’artisan au manager, Liber), qui illustre, elle aussi, les mécanismes et les conséquences sociales de l’abandon d’un cadre de référence défini à partir des antagonistes de classes.

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