La démocratie hasardeuse. Essai sur le tirage au sort en politique

No 76 - oct. / nov. 2018

Hugo Bonin

La démocratie hasardeuse. Essai sur le tirage au sort en politique

Marie-Jo Bard

Hugo Bonin, La démocratie hasardeuse. Essai sur le tirage au sort en politique, Montréal, Éditions XYZ, 2017, 120 pages.

Imaginez que le gouvernement récemment élu ne l’ait pas été. Qu’au lieu du processus électoral que nous venons de vivre, les personnes formant le gouvernement aient été tirées au sort. Que vous et une centaine d’autres citoyens et citoyennes « ordinaires » soyez en charge des responsabilités politiques du Québec.

C’est la réflexion que suscite Hugo Bonin avec La démocratie hasardeuse. Partant du constat que « notre système politique est en crise », insistant notamment sur la professionnalisation et l’élitisme de la classe politique et sur le désintérêt croissant de la population, il propose d’observer le tirage au sort comme possible réponse au manque de représentativité et au cynisme citoyen.

Par un tour d’horizon d’expériences passées, passant de l’Antiquité à des tentatives plus contemporaines comme le cas tout récent de l’Islande, l’auteur rappelle que cela n’a rien de fantasmagorique et fait la démonstration que le tirage au sort permet de limiter la concentration du pouvoir et de favoriser la participation citoyenne. Une évidence s’impose toutefois rapidement, le tirage au sort à lui seul ne peut tout régler. C’est plutôt combiné à une révision de l’appareil politique et accompagné d’un système d’éducation permettant à la population de développer un sens civique et une conscience du bien collectif que cet outil prend tout son sens.

Les propositions faites par l’auteur, notamment lorsqu’il appose sa pensée dans de plus petites structures démocratiques (syndicats, conseils d’administration, etc.), sont toutefois rafraîchissantes. On arrive presque à penser que l’idée de donner une place importante au hasard dans l’arène politique puisse être viable. Encore faudrait-il que les élus acceptent de remettre en cause le système actuel. Or, lorsque l’on regarde l’avancement de la réforme du mode de scrutin au Canada ou la nouvelle composition de l’Assemblée nationale à Québec, il est difficile de ne pas en revenir au cynisme.

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