Sylvie Joly (1959-2017). Hommage à une battante

No 70 - été 2017

Figures marquantes

Sylvie Joly (1959-2017). Hommage à une battante

Léa Fontaine

C’est avec tristesse que nous avons appris le décès d’une femme extraordinaire, Sylvie Joly, le 11 mai dernier au terme d’un long combat contre une grave maladie neurologique.

Très jeune, Sylvie a participé au mouvement pour la création d’un réseau québécois de services de garde gratuits, universels et financés par l’État ainsi que pour la syndicalisation des travailleuses dispensant ces services. Elle s’est aussi impliquée dans des projets de coopération internationale en Inde, au Sénégal et en Amérique du Sud avec Jeunesse Canada Monde.

Dans les années 1980, sa grande passion pour la radio et le journalisme s’est d’abord exprimée à la radio communautaire CIBL, où elle a animé avec brio un magazine d’affaires publiques pendant plusieurs années. Cette passion s’est poursuivie à la fin des années 1990 à la radio de Radio-Canada, où elle a pratiqué un journalisme de grande qualité et sensible aux enjeux de justice sociale pour plusieurs émissions d’affaires publiques, dont C’est la faute aux médias, et à titre de correspondante au Lac-Saint-Jean pour le service de l’information. Elle a poursuivi cette carrière de journaliste à la télévision de Radio-Canada jusqu’en 2002 à l’émission Zone Libre où elle a participé à la production de plusieurs grands reportages au pays et à l’étranger, comme celui intitulé « Le prix du bouquet », sur l’intoxication des travailleuses et des travailleurs cueillant les roses que les pays du Nord importent de l’Équateur. Elle a ensuite été journaliste à Télé-Québec pour l’émission Les Règles du jeu. Durant sa carrière à Radio-Canada, elle a été impliquée syndicalement, en particulier lors du conflit de 2002.

Entrée à la CSN en 2003 à titre de coordonnatrice à l’information pour la négociation du secteur public, Sylvie a été de nombreux combats en faveur de la syndicalisation des travailleurs·euses. L’un des plus importants et des plus récents concernait les travailleurs·euses des Couche-Tard du Québec. Débordante d’énergie et n’abandonnant jamais, elle les a aidés et soutenus dans la tentative de syndicalisation de ces petits commerces de détail. Alors que l’employeur cultivait un climat de peur et d’intimidation des salarié·e·s en fermant les magasins syndiqués, Sylvie se démenait sur tous les fronts. La syndicalisation a fonctionné dans plusieurs magasins, notamment grâce au travail sans relâche qu’elle a effectué. L’employeur a fini par étendre ces gains à l’ensemble des magasins Couche-Tard de la province : quelle victoire ! Il fallait voir la petite flamme qu’elle avait réussi à allumer chez les jeunes travailleuses et travailleurs, dont Luis, le président du premier syndicat Couche-Tard. Sylvie les avait rendus fiers d’eux. Dès lors, la fibre syndicale existait, même si l’employeur a fini par terrasser la syndicalisation. Les travailleuses et travailleurs qui ont rencontré Sylvie ne l’oublieront jamais.

Même très malade, elle est restée à l’écoute des combats sociaux et toujours disponible pour fournir des informations liées à son expérience de terrain. Sylvie Joly demeurera une source d’inspiration pour un grand nombre de personnes.

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