Élections israéliennes 2015
Une issue incertaine
Les élections en Israël sont d’une complexité particulière en raison d’un système électoral proportionnel qui se traduit par une pléthore de partis politiques ayant remporté des sièges à la Knesset, le parlement israélien. Comme il est pratiquement impossible pour un parti d’obtenir une majorité de sièges, le gouvernement est donc toujours un gouvernement de coalition.
Lors des dernières élections en Israël, en janvier 2013, le Likoud de Benjamin Netanyahou a remporté suffisamment de sièges pour aborder d’autres partis sur la droite (et l’extrême droite) – comme le parti religieux Shas, le parti d’extrême droite Habayit Hayehudi et le parti ultranationaliste Beiteinu, qui représentent essentiellement les colons dans les territoires palestiniens occupés – en vue de former un gouvernement.
La nature du gouvernement de coalition de Netanyahou et le fait que sa majorité à la Knesset dépend en grande partie sur la présence de Beiteinu et Habayit Hayehudi a renforcé la colonisation et l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Le gouvernement Netanyahu a également été marqué par une politique néolibérale qui a entraîné une augmentation spectaculaire du niveau de la pauvreté en Israël et un grave problème de logement. Un enfant sur trois en Israël vit sous le seuil de la pauvreté et les coûts du logement ont explosé en Israël, et cela, combiné à une pénurie aiguë de logements sociaux.
Détourner l’attention des problèmes sociaux
Selon les sondages en Israël, 41 % des Israélien·ne·s blâment Netanyahou pour le problème du logement et cela s’annonce être la question principale des élections 2015 en Israël. Netanyahou espère détourner l’attention des problèmes sociaux et économiques auxquels fait face l’électorat israélien en jouant la carte de l’Iran une fois de plus. Au moment d’écrire ce texte, début mars, le premier ministre israélien se préparait à s’adresser au Congrès des États-Unis afin de persuader le Congrès de bloquer la tentative du président Obama de poursuivre les négociations diplomatiques avec l’Iran sur la question du programme nucléaire de l’Iran.
Non seulement cela représente-t-il une intervention claire de la part du gouvernement Netanyahou dans la politique étrangère américaine, mais l’invitation à parler devant le Congrès n’est pas venue de la Maison-Blanche, mais plutôt du leader de la majorité républicaine au Congrès américain, John Boemer. Netanyahou est susceptible d’utiliser la situation pour tenter d’améliorer ses chances de gagner des voix sur la droite de l’échiquier politique en Israël. Il tentera d’utiliser le sentiment anti-Obama en Israël pour gagner des voix, tout en espérant éviter de se faire épingler sur sa mauvaise gestion de l’économie et les problèmes sociaux qui ont surgi au cours de son mandat.
Solidarité nouvelle
Selon les sondages, le Likoud et le parti Union sioniste dirigé par Isaac Herzog, lequel est composé de membres du Parti travailliste d’Israël et ceux du parti Hatnuah de Tzipi Livni (qui a participé au gouvernement de coalition de Netanyahou) sont au coude-à-coude et l’Union sioniste pourrait gagner plus de sièges que le Likoud. Dans ces élections qui s’annoncent très intéressantes, s’ajoute au suspense l’alliance qui s’est formée entre les deux partis arabes (les Palestinien·ne·s représentent 20 % de la population à l’intérieur d’Israël ) et le parti communiste d’Israël, Hadash.
En effet, les partis Ta’al (mouvement de renouvellement) et Balad (nationaliste) ont fait alliance avec Hadash sur la base de leur opposition commune à la politique ségrégationniste d’Israël qui favorise systématiquement les Juifs et discrimine les Palestiniens. Alors que cette coalition a clairement fait savoir qu’elle ne participera pas à un gouvernement avec l’Union sioniste, elle pourrait quand même voter stratégiquement du côté d’un gouvernement de coalition Union sioniste de manière à contrer toute législation proposée par le Likoud, obtenant ainsi un poids politique considérable.
La question demeure : qui va réussir à former le prochain gouvernement en Israël ? Netanyahou croit encore qu’il peut gagner suffisamment de sièges pour y parvenir et des rumeurs courent sur un rapprochement possible avec Isaac Herzog pour former un gouvernement plus centriste et abandonner ses anciens partenaires de la coalition de droite. Un tel résultat ne changera rien à la situation des Palestiniens et Palestiniennes en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza. Quand il s’agit de la question de l’autodétermination du peuple palestinien, il n’y a ni gauche ni droite israélienne ; il n’y a qu’un même programme de colonisation. Le changement face à l’autodétermination des Palestinien·ne·s ne viendra pas principalement de l’intérieur d’Israël. Il ne peut venir que de la pression externe exercée sur l’État sioniste comme le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions qui a pris de l’ampleur au cours des dernières années.