No 73 - février / mars 2018

Juliana Léveillée-Trudel

Nirliit

Stéphanie Rhéaume

Juliana Léveillée-Trudel, Nirliit, Chicoutimi, La peuplade, 2015, 173 pages.

Dans ce tout premier roman, Juliana Léveillé-Trudel parvient à faire voir les Inuits avec une sensibilité inouïe. Jamais condescendante, toujours pleine de tendresse pour ces communautés nordiques, la vision qu’elle déploie au fil des pages contribue de manière remarquable à mieux faire connaître leurs réalités, mais surtout à mettre l’accent sur les humains qui vivent au 62e parallèle.

Telle une oie, une jeune femme du Sud revient année après année à Salluit, au Nunavik, pour enseigner. Elle s’attache aux petits êtres qui fréquentent sa classe et laisse son cœur s’ouvrir grand, malgré le prix à payer. Violence domestique, alcoolisme, grossesses non désirées, quête de dignité… les personnages qu’elle rencontre ont souvent la vie dure. Ou meurent.

Au-delà des statistiques effarantes sur les taux de suicide et morts violentes chez les populations autochtones, Nirlitt nous ramène constamment aux visages qui portent le fardeau quotidien de ces tragédies à l’échelle humaine.

L’auteure nous accroche d’abord par son fin sens du détail et sa capacité à décrire autant les nuances du paysage de la toundra que les rapports complexes entre Blancs et Inuits. Mais c’est lorsqu’elle s’engage encore plus profondément dans les aspirations de ses personnages et dévoile davantage leurs vulnérabilités et leurs espoirs amoureux qu’elle arrive à façonner un roman indispensable.

Thèmes de recherche Littérature, Nations autochtones
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