Dossier : Gaspésie - Forces vives

Dossier : Gaspésie - Forces vives

Les grands enjeux environnementaux

Michel Chouinard

Chère Gaspésie ! Destination chouchou de bien des vacanciers de partout au Québec, on y vient pour se connecter à des éléments forts et pour mieux recharger ses batteries. Pour goûter aux saveurs maritimes et à un certain sentiment de liberté. Et on y habite à cause d’un amour profond face à un milieu naturel plus grand que nature et d’une popu­lation au cœur tout aussi immense.

Comme bien des régions du Québec et d’ailleurs, la Gaspésie doit choisir parmi les différentes options qui se profilent à l’horizon sans perdre son identité profonde et cette touche spéciale qui attire et fascine à la fois.

La préservation de la nature

Le territoire gaspésien se conjugue en plusieurs modes. D’abord la côte, avec sa panoplie de bords de mer : falaises rocheuses, plages de sable, grèves de galets, barachois et marais. Ensuite, l’intérieur avec ses vallées encaissées et ses forêts sillonnées par un réseau dense de lacs et des cours d’eau de toutes tailles. Puis les montagnes, imposantes, modelées par les éléments au fil des siècles.

Ses paysages comptent parmi les plus spec­taculaires au Québec et attirent des milliers de personnes chaque année. S’il est une ressource naturelle renouvelable en Gaspésie, c’est assurément ce capital naturel exceptionnel constitué de tous ces milieux diversifiés qui donnent abri et nourriture aux animaux ; qui fournissent le bois et les autres ressources forestières ; qui contribuent à maintenir une eau de qualité et abondante rendant possibles des activités récréatives comme la chasse, la pêche, les randonnées ou l’observation de la nature. Au-delà de l’utilisation qu’on en fait actuellement, il est essentiel de préserver des espaces à haute valeur écologique et esthétique pour transmettre aux Gaspésien·ne·s de demain un patrimoine naturel riche et inspirant, une des sources majeures de la culture et de l’âme gaspésienne.

L’adaptation au changement climatique

Le changement climatique est là pour rester. C’est une évidence. Le défi est d’intégrer cette incontournable réalité dans nos structures déci­sionnelles, tant sur le plan de l’aménagement du territoire que sur le plan des orientations de dévelop­pement. Le milieu naturel sera affecté de multiples façons, mais aussi les infrastructures humaines qui sont concentrées le long des côtes. Des côtes qui vont se transformer plus rapidement qu’on n’a jamais connu par le passé étant donné la hausse du niveau marin, ce qui va les remodeler de façon importante au cours des prochaines décennies et mettre à rude épreuve des parties du réseau routier et ferroviaire actuel. C’est dès maintenant qu’il faut y penser et planifier en conséquence.

La protection de l’eau

Ce n’est pas par hasard que la question de l’eau a été au centre des grands dossiers de dévelop­pement des dernières années en Gaspésie. On n’a qu’à mentionner les différentes sagas judiciaires entre des municipalités désireuses de protéger leurs sources d’eau potable et des compagnies pétrolières détentrices de droits de forage pour explorer le sous-sol.

Cette réalité découle en partie d’une nouvelle conscience quant au rôle fondamental de l’eau dans la qualité de vie des populations et le bon fonctionnement de la biosphère. À une échelle plus grande, on ne peut que constater que l’accès à une eau de qualité devient le défi planétaire numéro un en ce 21e siècle. Il ne faut jamais perdre de vue que, plus qu’une commodité que l’on gère au moyen de lois et de règlements, l’eau représente un besoin essentiel pour toutes les espèces vivantes.

En Gaspésie, cette eau abondante et de qualité constitue un capital naturel de grande valeur et un gage d’avenir pour la région dans un monde où elle devient une denrée précieuse et convoitée.

L’adéquation des choix de développement

Les trois enjeux exposés précédemment pointent directement vers le quatrième, soit celui de faire des choix de développement compatibles et com­plémentaires. Tout projet de développement devrait être analysé non individuellement et à la pièce, mais comme s’insérant dans le contexte plus englobant d’un développement régional intégré.

Cette grille d’analyse plus large permettrait d’évaluer en parallèle les avantages, les bénéfices, les risques ainsi que les coûts économiques et sociétaux des projets envisagés et de déterminer si réellement cette compatibilité et cette complémentarité sont au rendez-vous. Même s’il peut être sage de diver­sifier son économie, il n’est certainement pas judicieux de dire oui à un projet qui viendrait nuire à un autre secteur déjà établi, et qui profite à une majorité plutôt qu’à une minorité.

Dans cette optique de gouvernance régionale réfléchie, il est impensable de soustraire à l’examen public les grands projets industriels sous le prétexte du manque de temps. Mieux vaut prendre le temps de faire les bons choix et de privilégier une approche responsable et soucieuse de protéger l’environnement gaspésien et tous les potentiels qu’il offre.

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