Le scandale du gaz de schiste

No 45 - été 2012

Philippe- Vincent Foisy et Julien McEvoy

Le scandale du gaz de schiste

Ariane Gagné

Le scandale du gaz de schiste, Philippe- Vincent Foisy et Julien McEvoy, VLB Éditeur, 2011

Le scandale du gaz de schiste ne se veut pas une enquête, bien qu’il soit écrit par deux journalistes sérieusement documentés. Il n’est pas pas non plus un pamphlet même si le titre à lui seul exprime le parti pris des auteurs. Philippe-Vincent Foisy et Julien McEvoy ont plutôt choisi de dresser le portrait de la situation sur le gaz de schiste au Québec en colligeant un ensemble de faits de notoriété publique. Le résultat a le mérite de replacer dans l’ordre les nombreuses informations publiées dans les médias.

Des éléments d’histoire sont d’abord présentés au lecteur/ à la lectrice pour lui permettre de situer le contexte : aberrante loi sur les mines en vigueur depuis 1880, qui permet à quiconque de s’approprier le droit d’exploiter le sous-sol ; publication en 2006 de la stratégie énergétique du Parti libéral du Québec, qui s’en remet à la loi sur les mines pour accorder les permis d’exploitation ; création du puissant lobby de l’association pétrolière et gazière du Québec en 2009 pour tenter de faire accepter la vente des fameux permis aux gazières...d’emblée on saisit les enjeux en présence.

Les auteurs passent aussi en revue les principaux aspects techniques, environnementaux et politiques troublants tels que les millions de litres d’eau et les quelques 30 000 litres d’additifs chimiques nécessaires à la fracturation hydraulique du gaz, les risques élevés de fuites, les dizaines de puits déjà forés au Québec toujours sans l’aval des citoyen.ne.s, les ex-ministres et hauts fonctionnaires proches du Parti Libéral au service de l’industrie.

Ça s’est passé près de chez eux

Puis l’indignation frappe de plein fouet à la lecture des récits relatant l’histoire personnelle de ces citoyen.ne.s pris en otages qui, comme Odette Laurin à Saint Louis, ont vécu durant des semaines avec à quelques mètres de leur maison "la poussière, l’éclairage intense nuit après nuit, le bruit des tuyaux qui se frappent les uns sur les autres et des génératrices jour et nuit, le bruit assourdissant d’une quinzaine de pompes alimentées par d’immenses moteurs diesel, les sifflements et la lumière générée par la torchère, le smog qui brûle la gorge, les yeux, la circulation de véhicules lourds, des explosions en pleine nuit, l’insomnie, le désespoir et la révolte."

De quoi convertir en de farouches résistant.e.s ceux et celles qui, comme le soulignent Foisy et McEvoy, ne se destinaient pourtant pas à une vie de militant.e.s.

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