Dossier : Gaspésie - Forces vives

Pour ne pas conclure

La parole aux Gaspésien·ne·s

Dossier : Gaspésie - Forces vives

Daniel Côté, Réginald Cotton, Micheline Pelletier

Daniel Côté, maire de Gaspé

« La Gaspésie, c’est une région qui n’a jamais été « reconnue » à 100 % comme telle. Jusqu’en 1985, on était dans la même région que le Bas-Saint-Laurent (et aujourd’hui on est encore beaucoup rattaché à elle). Cette espèce d’indépendance Gaspésie-les-Îles n’a jamais été consommée complètement.

« Sur le plan industriel, on a été chanceux du côté de Gaspé, avec le développement de la filière éolienne. Une usine de près de 200 employé·e·s qui fabriquent les pales d’éoliennes, c’est majeur. On a aussi tout le développement de l’expertise autour de l’éolien avec le Technocentre éolien, qui compte 25 employé·e·s à peu près.

« Au niveau forestier, on avait une ressource très abondante, parce qu’on a un immense territoire. La ressource a beaucoup été utilisée, mais il y a encore du potentiel forestier ; ça se renouvelle, une forêt. Pour l’entretien, la plantation, les budgets, c’est so-so. On a toujours de la misère à aller chercher des sous pour ça, et dans cette ère d’austérité, il y a de gros budgets qui ont tombé… Donc c’est un enjeu à long terme. »Micheline Pelletier, mairesse de Sainte-Anne-des-Monts

Micheline Pelletier, mairesse de Sainte-Anne-des-Monts

« Le grand drame de la Gaspésie, ça a été l’organisation de l’éducation ; et l’éducation, c’est un outil essentiel de prise en charge des collectivités.

« Il faut prendre l’angle des régions du Québec. Pour dire jusqu’à quel point on a compris que la richesse de la province, c’est ses régions. Qu’il y a une histoire derrière chacune d’elles. Ce qu’il y a de plus important à comprendre, c’est qu’il y a eu des hommes et des femmes qui ont quitté des lieux pour venir en bâtir d’autres. Ces gens-là, que ce soit en Abitibi, sur la Côte-Nord, en Gaspésie ou dans le Bas-Saint-Laurent, ont choisi de vivre dans la précarité et dans l’isolement pour se bâtir un pays, une terre. Ces gens-là ont créé le Québec d’aujourd’hui. Et aujourd’hui, on dirait qu’il n’y a plus aucune reconnaissance du travail accompli par ces personnes pour bâtir le Québec. Il suffit d’austérité et de compressions pour mettre à mort leur travail. Quel respect avons-nous de ceux qui ont bâti le Québec, ne serait-ce que pour conserver les territoires, et de leur donner une chance de continuer à se développer ? »

Réginald Cotton, pêcheur de Rivière-au-Renard

« De plus en plus de pays exigent la traçabilité en matière de pêcheries. Les gens veulent savoir d’où vient leur homard, par exemple. On s’en va donc vers le « frozen at sea ». Tu peux dire : « Je l’ai pris le matin à 10h, pis à 10h30, c’était congelé, cuit ou complètement… » On parle de traçabilité, et de développement durable aussi. C’est là où on en est aujourd’hui.

« J’ai toujours dit que nous, on avait un savoir, comme vous, vous avez un savoir dans votre domaine. Mais le nôtre, il n’est pas reconnu. J’appelle ça le savoir local des pêcheurs. Je l’ai prouvé à maintes reprises qu’on avait un savoir qu’ils n’avaient pas, les scientifiques, fait que j’ai dit : « On a besoin de vous autres, mais vous aussi, vous avez besoin de nous. ­ »

« Les pêcheries sont cruciales pour la Gaspésie-les-Îles. À condition que les pêcheurs s’unissent et se fassent entendre. Que les chercheurs soient assez nombreux pour surveiller la surexploitation ou le développement de nouvelles ressources. Et que tous les projets pétroliers soient évalués en tenant compte des espèces. »

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