L’accès à l’éducation des filles

No 48 - février / mars 2013

Malala Yousafzai

L’accès à l’éducation des filles

Ghislaine Sathoud

En octobre 2012, un événement a défrayé la chronique : Malala Yousafzai, une jeune Pakistanaise militante des droits des femmes, a été victime d’un attentat. Des talibans ont revendiqué cette tentative d’assassinat. Cet événement a suscité beaucoup d’indignation dans le monde. Cela s’est traduit concrètement par des réactions de protestations. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cet acte. Pourquoi donc cette adolescente s’est-elle retrouvée dans le viseur des talibans ?

Malala Yousafzai est une jeune fille de quinze ans qui vivait jusqu’à tout récemment au nord-ouest du Pakistan, dans la région de Swat. Elle a tenu de janvier à mars 2009 un blogue sur BBC Urdu intitulé « Le journal d’une écolière pakistanaise ». Ses textes révélaient sa principale préoccupation, celle d’encourager le droit à l’éducation pour tout le monde, particulièrement pour les filles. Son objectif était bien connu  : sensibiliser l’opinion publique sur les multiples facettes du quotidien de la population où elle vivait, un quotidien émaillé de difficultés.

Dans son blogue, elle faisait état du fait que les talibans menaçaient de s’attaquer aux « indociles » qui ne respecteraient pas leur volonté de fermer les écoles pour filles. La popularité grandissante de la blogueuse a fini par déranger, tout autant que son entêtement à vouloir aborder des sujets « sensibles ». Cet engouement a provoqué la colère des « maîtres des lieux ». Le 9 octobre 2012, des assaillants ont tiré sur elle alors qu’elle revenait de l’école et elle échappa de peu à la mort. Après cet attentat, elle fut transportée au Royaume-Uni pour être soignée au Queen Elizabeth Hospital de Birmingham. Elle a obtenu son congé le 3 janvier dernier et réside toujours temporairement dans ce pays.

Il faut saluer le courage de cette militante qui devient aujourd’hui l’une des écolières les plus célèbres du monde. Ses agresseurs n’ont pas réussi à la réduire au silence, bien au contraire : depuis ce drame, sa popularité ne cesse de croître. Une pétition circule d’ailleurs pour soutenir la survivante de l’attentat. Les signataires pensent que l’adolescente est une candidate idéale pour obtenir le prix Nobel de la paix 2013.

Le cas de Malala Yousafzai en est un extrême, mais il permet néanmoins de rappeler que l’accès à l’éducation est loin d’être garanti pour toutes et tous partout dans le monde.

La parité des sexes dans le domaine de l’éducation

Il convient de rappeler que l’accès à l’éducation pour tous occupe une place significative dans les Objectifs du millénaire pour le développement fixés par les Nations unies pour 2015. Quelle est donc la situation qui prévaut actuellement concernant la parité des sexes dans le domaine de l’éducation ? Un rapport publié récemment par l’UNESCO dresse le constat suivant : « Dans certains pays, au contraire, les progrès ont été très lents, qu’il s’agisse de pays dans lesquels les taux de scolarisation étaient au départ relativement élevés, comme le Cameroun et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou de pays où ces taux étaient plutôt faibles, comme la République centrafricaine et la Côte d’Ivoire. La rapidité des progrès accomplis ailleurs donne à penser que ces pays pourraient eux aussi parvenir à la parité s’ils affichaient la même détermination pour agir au cours des prochaines années contre les facteurs qui désavantagent les filles. [1] »

La même source précise que, concernant l’enseignement primaire, certains pays en Afrique subsaharienne (Côte d’Ivoire, République centrafricaine, Cameroun, Tchad, Érythrée, etc.) n’ont pas encore atteint la parité des sexes. Quoi qu’il en soit, les écarts entre les filles et les garçons sont encore perceptibles à tous les niveaux du parcours scolaire. Il est impératif de travailler davantage pour en finir avec les inégalités, car celles-ci ont des conséquences, parmi lesquelles on peut citer la persistance des disparités entre les femmes et les hommes dans la société.

En définitive, comme le rappelle si bien l’UNESCO : « L’éducation des filles et des femmes est étroitement liée, on le sait, à toutes sortes d’enjeux démographiques, sociaux, culturels et économiques qui peuvent être lourds de conséquences pour la croissance démographique, la santé, la nutrition, la fécondité ou la mortalité infantile – pour ne rien dire des nouvelles possibilités d’accroître la productivité et les revenus dont elle est génératrice. Tout aussi important est le fait que les mères instruites tendent à avoir à cœur la scolarisation de leurs enfants et à les encourager à faire des études, ce qui, à long terme, peut avoir un effet multiplicateur sur la demande d’éducation, le niveau de participation et les performances scolaires. [2] »

Au regard de ce qui précède, des initiatives comme celles menées par Malala Yousafzai méritent d’être connues et soutenues. À l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de la personne, qui a lieu le 10 décembre de chaque année, l’UNESCO et le Pakistan ont lancé le Fonds Malala pour l’éducation des filles.

Une chose est sûre, la mobilisation en faveur de la promotion de l’éducation des filles doit se poursuivre…


[1UNESCO, « Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous : jeunes et compétences – l’éducation au travail », 2012, p. 126.

[2UNESCO, « La participation des femmes à l’éducation en Afrique subsaharienne », 1995, p. 3.

Thèmes de recherche Education et enseignement, Féminisme, Asie
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