Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère

No 65 - été 2016

Sous la direction de Giacomo d’Alisa, Frederico Demaria et Giorgios Kallis

Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère

Isabelle Bouchard

Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère, sous la dir. de Giacomo d’Alisa, Frederico Demaria et Giorgios Kallis, Montréal, Écosociété, 2015, 376 p.

En parcourant cet ouvrage au hasard des thèmes, comme le suggèrent les auteurs, on se rappelle à quel point notre monde est possédé par les mots de la surconsommation et nos actions, elles, teintées par la logique de l’économie marchande. Nous référons constamment à ce langage de productivité, et ce, parfois même lorsque c’est le temps de critiquer le discours. Même les milieux les plus militants utilisent à l’occasion, consciemment ou non, le langage des affai­res. Pourtant, le concept de la décroissance a été nommé la première fois en 1972 par André Gorz.

L’intention des auteurs de cet ouvrage, trois universitaires associés à l’Université autonome de Barcelone, est de procéder à une systématisation du langage spécialisé de la décroissance. Vaste mais combien pertinente entreprise !

Le procédé qu’ils utilisent est fort intéressant. En effet, plus de 65 contributrices et contributeurs issus de différents milieux, tant universitaires que militants, proposent une soixantaine de courts textes. Chacun, de trois à cinq pages, résume les principaux éléments d’un concept et est suivi de notes bibliographiques qui servent d’invitation à aller plus loin. Le recours à un collectif d’auteur·e·s favorise la multiplicité des points de vue. Au lieu de s’enfermer dans une logique de cohérence, certains articles, parfois inégaux dans leur traitement il faut l’avouer, développent des idées qui, sans carrément s’opposer les unes aux autres, illustrent des perspectives différentes.

Ainsi sont enfin nommés les concepts les plus inusités de buen vivir et d’Ubuntu, sans oublier les concepts plus traditionnels généralement associés à l’univers de la décroissance économique tel que le partage du travail, le revenu de base, la désobéissance ou la convivialité. De manière moins convenue, l’ouvrage accorde un espace enviable à un territoire géné­ralement incompris, celui des biens communs numériques.

En bref, ce dictionnaire spécialisé, tout en restant acces­sible, tient ses promesses. Il fait exister une nouvelle ère, celle de la décroissance par le recours à un vocabulaire propre aux valeurs qu’elle sous-tend.

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