Écrits politiques (1956-2005)

No 21 - oct. / nov. 2007

Michel Van Schendel

Écrits politiques (1956-2005)

lus par Christian Brouillard

Christian Brouillard

Michel Van Schendel, Écrits politiques, Montréal, VLB éditeur, 2007.

Il peut y avoir quelque chose de nostalgique à feuilleter des anthologies de textes politiques des années 60-70. « Nous l’avons tant aimée, la révolution » écrivait, en 1986, Daniel Cohn-Bendit. Il est vrai que le spleen et le folklore sont bons vendeurs de nos jours… Rien de tout cela avec le recueil de textes politiques de Michel Van Schendel (poète, critique, enseignant, militant du Parti communiste français et animateur de la revue Socialisme québécois), que nous proposent les éditions VLB. Préfacée par Jean-Marc Piotte, cette anthologie, qui s’étale de 1962 à 2005, nous donne à voir une analyse rigoureuse de la réalité sociale québécoise et de ses luttes. C’est là le point important de cet ouvrage car, par-delà les résultats exposés et dont beaucoup font date, c’est le travail analytique de Schendel qui est fascinant. En tentant d’articuler au plus près vécu et conçu, l’auteur se démarque de bien des clichés véhiculés par la gauche québécoise de l’époque. À ce titre, le texte qui ouvre ce recueil est des plus lumineux. Étudiant les raisons du vote populaire, aux élections fédérales de 1962, pour le Crédit social, parti éminemment réactionnaire, l’auteur y voit plus qu’une dérive populiste ou fasciste, y décelant des possibilités de rupture avec le système établi. Cette recherche des possibles dont le réel serait porteur anime l’ensemble de ce livre. On constate cependant qu’à partir de 1973, les écrits se raréfient, comme si les années 80 avaient été une longue marche dans le désert. L’ouvrage se clôt d’ailleurs avec un article, Là où est la main, qui dégage un poignant sentiment de solitude. Traitant de la distinction entre déracinement et exil, Schendel écrit : « L’exil est une réalité de l’absence imposée ». Cette absence, de vie ou de sens, pèse sans doute beaucoup pour nombre de ceux et celles qui ont espéré, ne serait-ce qu’un instant, changer ce monde. C’est alors avec reconnaissance, dans tous les sens de ce mot, qu’ils pourront lire ces écrits de Michel Van Schendel.

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