Dossier : femmes inspirées, (…)

Dossier : femmes inspirées, femmes inspirantes

Toshiko Akiyoshi

Rassembleuse de talents

Lorraine Desmarais

L’Artiste

La pianiste, compositrice, arrangeure et chef d’orchestre américano-japonaise Toshiko Akiyoshi est née le 12 décembre 1929. Elle demeure une des femmes pionnières s’étant illustrée dans le jazz à l’échelle de la planète. Elle est reconnue à travers le monde pour ses qualités de pianiste émérite et pour l’originalité de ses compositions et de ses arrangements. Son travail lui a valu plusieurs nominations aux Grammy Awards ainsi que des prix d’excellence décernés par le célèbre magazine Down Beat.

Toshiko découvre le jazz au piano en entendant Teddy Wilson, un maître du swing, puis ce sera Oscar Peterson qui, en 1952, lui permettra d’enregistrer son premier disque grâce à la complicité de son impresario Norman Grantz. En 1955, elle rêve de parfaire son art au célèbre Berklee College of Music de Boston. Finalement, ce n’est qu’après une année d’insistance soutenue auprès des autorités américaines qu’elle y est enfin admise  ! Elle devient ainsi la première femme pianiste japonaise à étudier à ce collège.

À ce moment, le piano jazz est son premier amour. C’est alors qu’elle étudie le système de la composition musicale de Joseph Schillinger, ce qui va influencer grandement son approche de la composition. Puis, c’est en 1973 que naîtra la première édition de son « big band ». Ce groupe sera déterminant dans sa carrière et son œuvre. Cet ensemble de 16 musiciens composé des meilleurs artistes de studio mettra en valeur les qualités de soliste de son mari, l’excellent saxophoniste ténor et flûtiste Lew Tabackin. En 1974, paraît au Japon le premier disque du big band  : Kogun. Cet album connaîtra alors un très grand succès commercial au pays du Soleil Levant ! Dès 1980, le big band de Toshiko Akiyoshi et Lew Tabackin sera acclamé comme un des plus importants big band de jazz !

L’Orchestre

L’aventure du big band se poursuit toujours pour Toshiko et Lew. Établis à New York en 1982, une nouvelle édition voit le jour : Toshiko Akiyoshi Jazz Orchestra featuring Lew Tabackin. Mais, en dépit du grand succès discographique de l’orchestre au Japon sous l’étiquette BMG, les producteurs américains demeurent toujours réticents à mettre en marché les enregistrements de la compositrice aux États-Unis, prétextant – à juste titre – le déclin des ventes chez nos voisins asiatiques. Malgré tout, Toshiko demeure créative, militante et acharnée ! Afin de pouvoir continuer à diffuser sa musique et à préserver son orchestre, elle trouvera le financement voulu par le biais de nombreuses tournées et enregistrements discographiques en piano solo ou avec de petits ensembles. Ces disques, par bonheur, seront publiés avec grand succès aux États-Unis !

Toshiko n’a jamais délaissé le grand orchestre. Installés tous les lundis soirs pendant sept années au légendaire Birdland, le mythique club de jazz de New York, le Toshiko Akiyoshi Jazz Orchestra featuring Lew Tabackin offre à un public toujours grandissant des soirées mémorables pourvues de purs moments de gloire. Profitant d’un élan créatif hors pair campé par des compositions et des arrangements fort originaux, l’œuvre orchestrale de Toshiko n’a cessé de mettre en valeur un orchestre et des solistes exceptionnels.

Et pourtant, le 29 décembre 2003, le Toshiko Akiyoshi Jazz Orchestra featuring Lew Tabackin donnait son dernier concert dans ce lieu culte new yorkais. Puis, en mars 2004, c’est au tour de Warner Japan de faire paraître le dernier disque de l’orchestre… Toshiko a expliqué la dissolution de l’orchestre comme étant dû à sa frustration de ne pouvoir obtenir de contrat de disque aux États-Unis. Ce sera alors pour elle un retour au piano solo qu’elle avait un peu délaissé pendant toutes ces années, concentrée à écrire pour le grand orchestre. «  Le piano solo est mon moyen d’expression préféré », affirme-t-elle. On l’entendra aussi en trio, idiom de prédilection des jazzwomen et jazzmen ! À l’occasion, on l’appréciera aussi comme directrice musicale de petits ensembles et de quelques big bands sur scène et sur disque.

Madame Akiyoshi

Voilà le parcours d’une femme inspirante, qui a toujours su dépasser les frontières musicales sous plusieurs aspects et malgré l’adversité. Une femme qui a su convaincre de par ses aspirations musicales, une rassembleuse de talents qui ont rendu justice à sa musique – pratiquement tous de la gent masculine ! Une femme extraordinaire qui continue de nous émouvoir sur scène.

Extraordinaire Madame Toshiko, vous nous séduisez toujours ! Merci !

Thèmes de recherche Arts et culture, Féminisme, Musique
Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème