Plan de lutte à la pauvreté ou plan de communication

No 31 - oct. / nov. 2009

Social

Plan de lutte à la pauvreté ou plan de communication

Jean-Yves Joannette

Le 15 juin dernier, le ministre Hamad lançait les consultations qui doivent mener à la confection d’un deuxième plan de lutte. Cette journée a été marquée par la sortie de nombreux regroupements communautaires outrés par un discours qui explique la pauvreté par les carences individuelles, qui nie les droits des personnes en situation de pauvreté et qui rejette la responsabilité de la lutte à la pauvreté à la philanthropie et aux instances régionales et municipales.

Curieusement et contraire aux règles habituelles, cette consultation s’opère avec deux documents de consultation. L’un pour le niveau national, l’autre pour le niveau régional. La consultation nationale du 15 juin a été une présentation d’un document qui ne sera pas discuté au niveau régional. En effet, dans les régions les discussions sur les politiques sociales du gouvernement du Québec ne sont pas à l’ordre du jour.
En fait, dans les régions il n’y a pas de consultation sur un éventuel plan de lutte. Il y a plutôt invitation à cautionner une stratégie prédéterminée, soit « l’approche territoriale intégrée (ATI) », et à trouver des partenaires pour y participer.

Cette stratégie s’inscrit dans la continuité de la politique de régionalisation et de localisation, elle est une nouvelle étape de transfert de responsabilités. Ainsi, avec l’aide des directions régionales des ministères du gouvernement du Québec, les Conseils régionaux des éluEs (CRÉ) les municipalités régionales de compté (MRC) et enfin les municipalités pourront choisir leurs priorités d’interventions. Bien entendu, au sein de tout ce fatras d’instances, les municipalités dans les MRC ou les arrondissements d’une municipalité, devront discuter du partage des maigres ressources pour lutter contre la pauvreté… idéalement là ou il y des pauvres.

Pendant ce temps, si rien ne l’empêche, lorsque se mettra en place la tarification des services publics dans les journaux petits et gros on fera état de merveilleuse collaboration entre grands et petits partenaires qui auront permis sur un petit territoire de soulager la pauvreté et la misère. Le plan de lutte à la pauvreté risque fort de laisser en plan la pauvreté. Mais comme plan de communication, avouons-le, il y a là une trace de génie.

Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème