Pink blood - La violence homophobe au Canada

No 26 - oct./nov 2008

Douglas Janoff

Pink blood - La violence homophobe au Canada

Lu par Gaétan Breton

Gaétan Breton

Douglas Janoff, Pink blood - La violence homophobe au Canada, Montréal, Triptyque, 2007, 410 p.

Voilà un livre important. Il existe partout dans le monde une violence à l’encontre des homosexuelles pouvant aller, dans certains cas, jusqu’à la mise à mort par des régimes intégristes. Les pays se prétendant plus civilisés se croient au-dessus de tels actes ; le livre de Janoff nous montre qu’il n’en est rien. La violence antihomosexuelle existe partout au Canada et est tolérée par le système. La plupart du temps, elle ne fait pas l’objet de plaintes et, lorsque c’est le cas, ces plaintes sont souvent classées dans d’autres catégories que celle des « crimes haineux ». On préfère ne pas voir et, de ce fait, on encourage en douce…

Le faible taux de dénonciation vient de l’attitude même de la police, affichant dans plusieurs cas une attitude « macho » – Janoff donne même des exemples où la police en rajoute ! Il n’est donc pas surprenant que les homosexuels se cachent après avoir été agressés. Cette attitude de la police reflète celle d’une bonne partie de la population. On sait ce que les milieux religieux intégristes (toutes religions confondues) pensent de l’homosexualité. On peut ajouter que la psychologie n’a pas toujours été particulièrement brillante sur cette question. De plus, on assimile l’homosexualité à une sexualité sans but (absence de procréation), ce que rejettent précisément la religion et Denise Bombardier. Cette sexualité sans but s’affirme alors comme pur plaisir, constituant par là une hérésie complète. Comment conserver un contrôle social quand le plaisir devient la valeur centrale ?

La perception de l’homosexualité comme échappant aux contrôles sociaux habituels incite à toutes les complaisances devant les crimes contre les homosexuels : s’ils refusent les règles, ils recevront une « juste » rétribution. D’après Janoff, dans la grande majorité des cas, l’agresseur est connu de la victime, laquelle ne constitue donc pas un choix au hasard. Même quand le mobile du crime est le vol, l’homosexuel est une victime toute désignée, car il est perçu comme ayant moins de chances de se défendre…

Pink blood comporte une description de cas – et la façon dont les autorités locales les ont traités – touchant la plupart des grandes villes canadiennes. Le mythe de l’unité de la communauté homosexuelle ne résiste pas à l’analyse des groupes de soutien. Il y a là un vaste sujet d’enquête qui est loin d’être épuisé et il y a encore beaucoup de travail à faire pour que notre société dite laïque et égalitaire applique les principes antidiscriminatoires émaillant les articles de la Déclaration des droits de l’Homme.

Thèmes de recherche Livres, Diversité sexuelle
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