Dossier : Les classes dominantes au

Dossier : Les classes dominantes au Québec

Les véhicules politiques des dominants au Québec

Anne-Marie Provost

Les classes dominantes au Québec ont recours à plusieurs tactiques pour enraciner et maintenir leur emprise sur la société, tant sur le plan idéologique que sur celui de l’organisation de la structure économique. Un des véhicules qu’elles empruntent pour parvenir à leurs objectifs est le parti politique. En effet, un parti politique au pouvoir contrôle et oriente un nombre important d’institutions publiques et parapubliques, institutions qui régissent la vie en société. En regardant les programmes et les sources de financement d’un parti politique, on peut généralement distinguer quels intérêts il sert.

La sainte alliance du fric et de la politique

À partir du moment où l’économie de «  libre-marché  » a besoin de l’apport en capital que détient l’État pour se développer, les partis politiques incarnent la superposition de volontés qui s’arriment les unes aux autres. Tous les groupes dominants voulant mettre la main sur les ressources étatiques, une compétition s’installe entre eux. Ici, le parti n’a pas pour vocation de défendre un idéal à travers un projet de société, il offre plutôt un programme qui se présente comme un collage d’intérêts qui se prétendent communs.

L’ordre d’importance de ces intérêts dépend de la structure hiérarchique et bureaucratique du parti : plus un professionnel de la politique a de pouvoir dans l’organisation à un moment précis, plus les intérêts qu’il défend seront mis de l’avant. En ce sens, il n’est pas surprenant d’observer que certaines entreprises financent des organisateurs politiques sur le terrain pour faire élire un candidat plutôt qu’un autre. D’importantes entreprises privées peuvent aussi offrir des espaces de retrait pour leurs poulains qui ont subi un revers ou qui souhaitent prendre un peu de distance de la vie publique.

Le principe du retour d’ascenseur, façonné par la logique de retour sur l’investissement, est également révélateur : plus on investit, plus nos intérêts seront mis de l’avant par le véhicule politique. Il n’est donc pas étonnant que plusieurs secteurs de l’économie québécoise financent allégrement les partis politiques par le système de dons « sectoriels » fondés sur la logique des prête-noms. Comme la loi électorale interdit à une entreprise de donner directement à un parti politique, ses hauts dirigeants donneront un montant à une série d’employés qui l’investiront sagement du «  bon bord  ». Il ne reste alors plus qu’à faire connaître la liste des employés ayant fait des dons aux responsables du financement du parti. Ceux-ci en prennent bonne note et quand le parti est au pouvoir, il peut renvoyer la balle.

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