L’anarchie

No 05 - été 2004

Errico Malatesta

L’anarchie

lu par Maxime Rocheleau

Maxime Rocheleau

Errico Malatesta, L’anarchie, Lux éditeur, Montréal, 2004

Vers une société d’hommes libres

« Comme tous les êtres vivants, l’homme s’adapte et s’habitue aux conditions dans lesquelles il vit, et il transmet, par hérédité, les habitudes qu’il a acquises. Ayant vécu enchaîné depuis sa naissance et étant l’héritier d’une longue série d’esclaves, l’homme a cru, quand il a commencé à penser, que l’esclavage était la caractéristique même de la vie, et la liberté lui est apparue comme étant chose impossible. De la même façon, contraint depuis des siècle et donc habitué à attendre du patron le travail, c’est-à-dire le pain, et à voir sa propre vie perpétuellement à la merci de celui qui possède la terre et le capital, le travailleur a fini par croire que c’est le patron qui lui permet de manger et il demande naïvement comment il pourrait vivre si les maîtres n’existaient pas. »

Ces écrits criants d’actualité, véritable appel aux hommes libres, c’est Errico Malatesta, activiste et propagandiste du mouvement anarchiste italien et international, qui les couchait sur le papier à la fin du XIXe siècle. L’anarchie, de loin le manuscrit le plus complet et marquant d’un homme qui a voué sa vie à l’agitation beaucoup plus qu’à l’écriture, retrouve le chemin des presses, préfacé par Serge Roy (ex-président du syndicat de la fonction publique et membre du collectif de rédaction du Q-lotté).

Pour Malatesta, il convient tout d’abord de dissiper les préjugés : combinaison d’ignorance et de manipulations menant à une conception chaotique et désordonnée, dont est victime l’anarchie en expliquant les aspirations derrière ce mot : « destruction de tout ordre fondé sur l’autorité et instauration d’une société d’hommes libre et égaux, fondée sur l’harmonie des intérêts et sur le concours volontaire de tous pour mener à bien les tâches sociales ». Usant au passage de l’étymologie pour faire tomber ce subterfuge, véritable cantique repris à satiété par le juge, le prêtre, le professeur et le patron, Malatesta ne se borne pas à l’explication, il critique vigoureusement toutes les dominations et questionne sans cesse leur légitimité.

Aujourd’hui plus que jamais une source d’inspiration pour tous ceux qui se réclament du drapeau noir, les écrits de Malatesta n’ont certainement pas fini d’influencer l’humanité. « Et si aujourd’hui nous tombions sans renier notre drapeau, nous pourrions être certain de la victoire pour demain. » À lire ou à relire !

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