Intensément la vie

No 14 - avril / mai 2006

Mouloud Belabdi

Intensément la vie

lu par Christian Brouillard

Christian Brouillard

Mouloud Belabdi, Intensément la vie, Québec, Fondation littéraire Fleur de lys, 2005

Le Poème se fait et refait continuellement la vie
 Mouloud Belabdi

Que peut le poème ? La question est lancinante pour ceux et celles qui ne se satisfont nullement de ce Monde qui est et de cette survie imposée. « Au-delà de ce manque toujours ressenti, au-delà de l’inévitable et inexcusable déperdition de tout ce que nous avons aimé, le jeu se joue encore, nous sommes » (Guy Debord). Avec ses poèmes, Mouloud Belabdi réaffirme la force têtue de la poésie, ce fragile pouvoir des mots à pointer au-delà des traverses, / la perfection future / de l’Humanité. Oh certes, dire et déclamer semble bien dérisoire dans une époque où le fracas des armes et le froid calcul marchand recouvrent de leurs eaux glacées le simple spasme de vivre. C’est pourtant avec passion que l’auteur d’Intensément la vie – Cycles met au jour ces moments, faits de paroles et de silences, qui donnent sens au vivre. Baignant dans l’exaltation du présent, le poème n’en oublie pas pour autant le passé, les mémoires blessantes et les plaies ouvertes dans la chronique du temps.

Le poème ne détourne donc pas du réel même dans l’évocation la plus intime : Comprendre cela / dans l’obsolescence des chimères / sans se soustraire au réel / voilà qui est parfait. Ce réel, quoi qu’on puisse en dire, bouge et change. Oh, certes, le Monde s’acharne à ne pas aller où nous voudrions qu’il aille. Cependant, quelque trop rares fois, Deux corps étrangers bifurquent / dans la nuit qui tressaille. La poésie de Mouloud Belabdi scrute ces bifurcations, ces passages, ces cycles où nous glissons au long des jours. Que ce soit sur l’asphalte des rues de Montréal ou dans l’évocation de l’île mythique de son enfance, le poète, par delà sa condition d’exilé (mais ne le sommes-nous pas tous ?), témoigne du caractère unitaire de la condition humaine :

Ailleurs

Est aussi

UNE PATRIE

Le poème recueille alors l’exigence de l’ouverture à l’AUTRE, réclamant L’AMOUR SANS CONDITION. C’est imprégné de cette réclamation, intense et vibrante, que nous fermons ce recueil, retournant à la vie avec au cœur cet appel, fragile et indestructible.

Disponible en version numérique sur le site de la Fondation littéraire Fleur de lys

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