Dossier : Souveraineté alimentaire

Présentation du dossier

Agriculture et souveraineté alimentaire

Un dossier coordonné par Marie-Hélène Côté

Marie-Hélène Côté

La souveraineté alimentaire, c’est que tu choisis ce que tu veux manger, à ta convenance financière, culturelle et religieuse.
– Assetou Foune Samake (Institut de recherche et de promotion des alternatives en développement du Mali, Montréal, le 24 mars 2007)

En cette époque post-Révolution verte, où la modernité des technologies agricoles aurait dû enrayer les problèmes de faim sur la planète et entraîner le monde rural dans la prospérité, la souveraineté alimentaire est dans la bouche d’un nombre croissant de gens et elle s’apprête avec des saveurs variées. En 2007, on en a même entendu parler dans les grands médias à quelques reprises. Comme lorsqu’il est question de souveraineté nationale, l’idéal de la souveraineté est rassembleur, bien qu’il s’exprime de différentes façons et suscite des débats sur les moyens pour y parvenir.

Depuis 1996, année où elle a présenté l’idée de souveraineté alimentaire au Sommet mondial de l’alimentation de Rome, Via Campesina a continué à travailler à son élaboration et à sa promotion [1]. Cette organisation paysanne internationale fait campagne, entre autres, pour que la souveraineté alimentaire soit reconnue comme un droit par l’ONU : « La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à produire leurs propres aliments et à organiser la production alimentaire et la consommation selon les besoins des communautés locales en donnant la priorité à la production et à la consommation de produits locaux [2]. »

Plusieurs groupes et plusieurs personnes à travers le monde ont depuis adopté la souveraineté alimentaire comme grille d’analyse et comme inspiration pour leurs luttes. Grâce aux mouvements paysans locaux, elle fait maintenant partie de la Loi agricole du Mali et de la Constitution de la Bolivie.

Le présent dossier vise à faire connaître les enjeux auxquels font face les producteurs, les productrices, les travailleurs et les travailleuses de l’agroalimentaire ainsi que les mangeurs et mangeuses, et à présenter un outil d’analyse et d’action porteur de changements : la souveraineté alimentaire.

Nous allons d’abord déconstruire certains mythes bien ancrés à propos de l’agriculture : ceux sur l’efficacité et la rentabilité des fermes, voulant qu’il n’y ait que l’agrobusiness qui soit viable (article de Maxime Laplante) et ceux sur les biotechnologies proposées comme panacée devant la faim et les problèmes agricoles (article de Karine Peschard). Ces deux exemples soulèvent des questions importantes comme la concentration des terres et l’appropriation du vivant, de la propriété intellectuelle et des connaissances traditionnelles.

Puis, ces questionnements se poursuivent à travers l’analyse des impacts de la Révolution verte et de la restructuration du système alimentaire mondial sur les femmes (article d’Elsa Beaulieu) et sur les travailleurs et travailleuses migrantes (article de Martha Steigman) et l’analyse du système de gestion de l’offre de l’UPA (article de Maxime Laplante). Ces articles remettent en cause l’organisation actuelle de la production et des marchés agricoles et ils évoquent des façons de penser et de vivre autrement. À cet égard, nous tentons finalement de résumer les discussions et les mobilisations récentes autour de la souveraineté alimentaire au Québec (article de Marie-Hélène Côté).

Nous espérons que ce dossier soit utile à la réflexion et à la dénonciation et qu’il contribue à établir des liens entre producteurs-trices et mangeurs-euses.


[1Via Campesina, www.viacampesina.org

[2Voir l’article « Mondialisation, quand tu nous tiens… par le ventre », ÀB ! # 21.

Thèmes de recherche Agriculture et alimentation
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